Michelin : FO appelle à une mobilisation nationale pour défendre l’emploi

Emploi et salaires par Clarisse Josselin, FO Chimie

© Jean-Claude MOSCHETTI/REA

Le géant du pneumatique a annoncé le 10 octobre la fermeture fin 2020 de son usine de La Roche-sur-Yon (Vendée), un coup de massue pour les 619 salariés. FO, qui rappelle que le groupe a engrangé 1,6 milliard de bénéfices en 2018, a appelé à la grève sur tous les sites Michelin le 17 octobre.

Le couperet est tombé le 10 octobre pour les 619 salariés de l’usine Michelin de La Roche-sur-Yon, en Vendée. La direction leur a annoncé la fermeture programmée pour fin 2020 de ce site qui fabrique depuis 45 ans des pneus de camions. C’est le dernier à le faire dans l’Hexagone. Une éventuelle fermeture aurait des conséquences en chaîne du point de vue de l’emploi. Outre les emplois induits dans le bassin d’activité local, 74 salariés de l’usine Michelin de Cholet, qui fabriquent des gommes pour l’usine vendéenne, seraient également touchés.

Pour justifier cette fermeture, le numéro deux mondial du pneumatique prétexte une concurrence « féroce » venue d’Asie et des volumes insuffisants pour rendre l’activité compétitive. Mais la Fédéchimie FO rappelle que le groupe a engrangé 1,6 milliard d’euros de bénéfices en 2018.

L’entreprise a encaissé sans sourciller des centaines de millions d’euros d’exonération de cotisations sociales, ajoute l’union départementale FO de Vendée. Elle encaisse cette année le doublement de Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi, soit 36 millions d’euros. L’ensemble de ces aides ont été accordées par les gouvernements successifs sans aucune contrepartie sur la pérennité des emplois ! L’UD rappelle aussi que la capacité de production du site, qui atteint 1,2 million de pneus, a presque doublé depuis 2018. Ces coûts de production seraient trop élevés, mais ils sont alourdis (artificiellement ?) par les investissements réalisés en 2017, ajoute-t-elle.

Les salariés crient à la trahison, eux qui ont consenti des sacrifices ces dernières années en matière d’organisation du travail, dans le cadre d’un accord de compétitivité. En échange, la direction s’engageait à investir pour pérenniser le site. Seuls les profits intéressent le manufacturier, le social étant relayé au second plan, dénonce la Fédéchimie FO.

Une santé financière resplendissante et historique

En soutien aux salariés de La Roche-sur-Yon et pour défendre l’emploi sur tous les sites, une intersyndicale FO-CFDT-SUD-CFE-CGC a appelé tous les salariés de Michelin à la grève le 17 octobre. Elle consultera également les salariés le 18 octobre sur la stratégie à adopter pour l’avenir. Ils devront se prononcer pour ou contre l’ouverture de négociations avec la direction.

L’intersyndicale a également lancé une pétition en ligne pour demander à la direction un moratoire sur la question des emplois en France. Elle lui demande de s’engager à ne plus fermer aucune usine à cesser les délocalisations pendant toute la durée du mandat du nouveau patron Florent Menegaux. Michelin affiche une santé financière resplendissante et historique et a les moyens d’assurer un avenir dans l’entreprise à tous ses salariés dans l’industrie comme dans les activités tertiaires, souligne l’intersyndicale.

Michelin promet que tous les salariés concernés seront accompagnés grâce à des mesures de préretraite et de dispositifs de mobilité interne et externe. Le groupe a prévu une enveloppe de 120 millions d’euros.

C’est la deuxième fermeture annoncée en quelques semaines chez Michelin, après le site de Bamberg en Allemagne, qui compte 850 salariés. Et si elle était effective, la fermeture de l’usine vendéen serait la onzième fermeture pour « Bibendum » depuis 2009.

 Voir en ligne  : Pétition de l’intersyndicale

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

FO Chimie Chimie, industries chimiques