Mickaël, la défense des cadres est son quotidien

Portrait par Valérie Forgeront, L’inFO militante

À 49 ans, Mickaël Bret, père de trois enfants, est cadre dans le secteur de la chimie et délégué syndical FO chez Orano NPS (Nuclear Packages And Services), à Romans-sur-Isère, sa ville natale, célèbre pour son musée international de la chaussure mais aussi pour son grand site de l’industrie nucléaire.

M ickaël a fait connaissance tout jeune homme avec l’industrie nucléaire. Titulaire d’un bac technique et d’un BTS en maintenance industrielle, il est embauché en 1993 chez Transnucléaire, spécialiste du cycle du combustible nucléaire, appartenant à la Cogema et qui deviendra Areva puis Orano.

Il est d’abord technicien transport, puis de maintenance, à Pierrelatte (Drôme). Appréciant l’indépendance syndicale qui caractérise FO, il prend sa carte en 2002, participe à la reconstruction du syndicat FO dans l’entreprise et devient délégué syndical central (DSC). En parallèle, sa carrière se poursuit. En 2011, il passe cadre, manager transport/maintenance, puis rejoint, en 2014, le site de Romans-sur-Isère (qui deviendra Framatome). Au sein de l’entreprise, qui deviendra Orano NPS, il est le responsable de la gestion du parc, soit de l’ensemble des moyens de transport des matières radioactives (déchets, combustibles frais destinés aux centrales nucléaires). Mickaël y est délégué syndical. FO (en position leader au sein du groupe Orano) est la troisième organisation chez Orano NPS (500 salariés répartis sur plusieurs sites). L’entreprise compte 70 % de cadres mais n’arrive pas à garder ces personnels, les conditions étant moindres que dans les autres entités du groupe. Orano NPS affiche ainsi un turn-over de 15 %. À travers son mandat de délégué, Mickaël mesure aussi la timidité des cadres à l’égard de la syndicalisation, beaucoup ont peur que cela nuise à leur carrière. S’il n’y a pas ouvertement de discrimination de la part de l’employeur, l’étiquette syndiqué existe, déplore le militant par ailleurs secrétaire de l’union locale de Romans et trésorier adjoint de l’UNSENRIC-FO (l’Union Nationale des Syndicats de l’Énergie Nucléaire, de la Recherche et des Industries Connexes ― branche atome de la FédéChimie FO).

Des accords remis en cause au nom de la compétitivité

Cela rend d’autant plus essentielle la lutte syndicale, et en la matière FO a fort à faire. Constatant que le texte présenté était  loin des attentes, FO a dû refuser de signer l’accord de groupe sur le télétravail entré en vigueur début janvier. Il se distinguait entre autres par l’absence de titres-restaurant pour les télétravailleurs (85% sur les sites non-opérationnels), et une faible indemnité forfaitaire, 10 euros pour quatre jours télétravaillés par mois et 20 euros pour huit jours. Le syndicat FO affronte aussi depuis novembre une négociation dite « contrat social », voulue par la direction d’Orano NPS. C’est une sorte d’accord de compétitivité où l’employeur vise à rogner les acquis, explique Mickaël. Or, Orano NPS réalise des bénéfices et le groupe (Orano est détenu à 90 % par l’État) auquel il est rattaché aussi, plusieurs centaines de millions d’euros par an. Dans cette négociation, jusqu’en juin, la direction menace toutefois de remettre en cause le temps de travail, les primes ou encore les congés. D’ores et déjà, le syndicat FO s’est opposé au transfert des salariés de la convention collective Syntec vers celle de la métallurgie. Les cadres n’y ont aucun intérêt, notamment en ce qui concerne leur retraite, explique Mickaël Bret, qui n’écarte pas la possibilité d’un préavis de grève, en juin, si la direction s’entête à remettre en cause les acquis des salariés.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération