Minima de branche : face à l’attitude du patronat dans la coiffure, la FGTA-FO arrête les négociations

InFO militante par Elie Hiesse, L’inFO militante

La FGTA-FO, avec l’intersyndicale, a décidé d’arrêter les négociations salariales dans la coiffure, le 19 janvier, et refuse de les reprendre tant que le patronat ne fera pas une proposition décente et négociable. Alors qu’aucun accord n’a été signé depuis 2018, que l’inflation-record entame le pouvoir d’achat des salariés et que 10 000 postes sont non-pourvus, les représentants des employeurs refusent la légitime revalorisation. Leur proposition conduisait même à un tassement de la grille.

Trop, c’est trop ! Tant que les employeurs ne feront pas une proposition décente, et négociable, FO ne retournera pas en négociations, prévient Stéphanie Prat-Eymeric, secrétaire fédérale FGTA-FO, chargée de la coiffure. La première organisation du secteur (106 000 salariés) a décidé le 19 janvier —avec l’intersyndicale créée avec trois autres syndicats-– d’arrêter les négociations sur les salaires ainsi que toutes celles actuellement en cours dans la branche. L’extrême faiblesse de la dernière proposition patronale ne passe pas.

Pas de revalorisation

Pour l’entrée de grille (échelon 1 niveau 1), le patronat a concédé 0,2 % au-dessus du Smic (0,42 centimes d’euros de plus). Et, pour la majorité des salariés, concentrés sur le niveau 1 échelon 3 et sur le niveau 2 échelon 1, il propose une hausse tout juste équivalente au niveau de l’inflation cumulée de 5,2% depuis 2018, date de la grille en vigueur. En résumé, aucunement une revalorisation salariale.

Pire, il en profite pour écraser l’écart existant entre le salaire conventionnel des coiffeurs qualifiés et celui des techniciens, qui est de 30 euros bruts. Il sape tous nos efforts passés pour aérer la grille et offrir aux salariés des perspectives d’évolutions cohérentes avec leur expérience et leur travail, précise la militante, qui refuse cette perspective.

21% des salaires inférieurs à 1,05 Smic

Pour Stéphanie Prat-Eymeric, la proposition des deux organisations patronales n’est définitivement pas à la hauteur des enjeux de la profession qui voit un nombre croissant de salariés la quitter. Une situation amplifiée dans le contexte actuel d’inflation-record. Depuis 2013, près de 6 000 salariés (7% des effectifs) sont partis faute d’une reconnaissance professionnelle suffisante. Près de 10 000 postes seraient actuellement non pourvus.

La dernière étude réalisée par les services du ministère du Travail en dit long sur les raisons de cette désaffection : 33% des salariés de la branche avaient bénéficié de la revalorisation du Smic au 1er janvier 2020, et 21% des salaires mensuels de la branche sont inférieurs à 1,05 Smic, contre 5% dans l’ensemble des branches. Un coiffeur confirmé avec un CAP gagne actuellement 1 603 euros bruts.

La proposition patronale continue de démontrer l’absence totale de volonté des employeurs d’évoluer sur la question du pouvoir d’achat des salariés. Rien ne change : ils continuent d’en faire leur variable d’ajustement, dénonce la secrétaire fédérale. Car la branche a été aidée dans la crise : à hauteur de 337 millions d’euros en 2020 et d’au moins 58 millions d’euros en 2021. Et, rappelle la militante, les tarifs ont été augmentés depuis le dernier accord de branche en 2018. Le prix moyen du shampoing-coupe-coiffage est passé à 34,8 euros pour les femmes (+0,2 euros) et à 31,7 euros (+0,1 euros) pour les hommes.

Une grève n’est pas exclue par l’intersyndicale

L’interpellation du ministère du Travail, qui a reçu en octobre dernier les partenaires sociaux du secteur, n’a eu aucun effet concret sur l’intransigeance patronale, souligne Stéphanie Prat-Eymeric. Le patronat a demandé de nouvelles exonérations et à bénéficier de la défiscalisation/désocialisation des pourboires —exonérations des cotisations sociales pour les employeurs, sans impôt pour les salariés – que l’exécutif a accordée au secteur des hôtels-cafés-restaurants (HCR) pour 2022.

Face à l’impasse, l’intersyndicale n’exclut pas d’appeler les salariés à la grève, si le patronat ne réévalue pas sérieusement sa proposition. Et FO exige que celle-ci soit envoyée cinq jours avant d’être négociée en séance, et non la veille pour le lendemain !, martèle Stéphanie Prat-Eymeric, secrétaire fédérale FGTA-FO. Selon le calendrier initial, la prochaine séance de négociation doit se tenir le 25 février.

Elie Hiesse Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération