Mobilisation historique chez Nestlé

Emploi et salaires par Clarisse Josselin

© Fred MARVAUX/REA

FO et l’ensemble des organisations syndicales du groupe Nestlé ont appelé tous les salariés français à débrayer le 28 juin pour dénoncer la course à la rentabilité opérée par la direction. La mobilisation a été bien suivie, dans un contexte de cession d’activité, de suppressions de postes et de dégradation des conditions de travail.

Un préavis de grève lancé par l’ensemble des organisations syndicales et qui s’adresse à tous les salariés dans tous les sites du groupe, c’est du jamais vu, souligne David Le Doussal, coordinateur FO chez Nestlé. L’appel à débrayer durant une heure, vendredi 28 juin, a été bien suivi dans toute la France. Chez Sitpa, l’usine de production de purée Mousline, la moitié des effectifs sont sortis, selon FO. Sur ce site, la dernière mobilisation remontait à 17 ans. Chez Purina, spécialisée dans l’alimentation animale, les salariés de la production comme les forces de vente se sont joints à l’appel. Chez Herta, enseigne en passe d’être cédée à un repreneur, les salariés se sont aussi fortement mobilisés...

L’intersyndicale FO-CFTC-UNSA-CGT-CFDT-CFE-CGC dénonce, depuis l’arrivée en 2017 d’un nouveau directeur général à la tête du groupe suisse, « la course à la rentabilité » qui engendre une dégradation des conditions de travail sur tous les sites. Elle pointe aussi la politique de cession d’activité engagée depuis 10 ans qui va faire baisser de 50% l’effectif de Nestlé en France à l’horizon 2020.. Nestlé veut que les Français consomment ses produits mais ne veut plus les faire travailler, ajoute-t-elle. Et ce, alors que le groupe a enregistré l’an dernier un bénéfice net de près de 9 milliards d’euros, en hausse de 40% sur un an.

Près de 7 000 emplois supprimés en 7 ans

Depuis 2012, on a perdu presque 7 000 emplois, explique David Le Doussal. On n’est jamais assez compétitifs par rapport aux usines des pays de l’Est, où des plans de compétitivité sont aussi mis en place. Chez Purina, numéro un mondial de l’alimentation animale, un plan de départs volontaires (PDV) portant sur 231 postes est en cours. Un autre PDV a été lancé chez Nestlé Waters.

La cession de Herta, la division charcuterie du groupe, a été annoncée en février dernier. Nous ne sommes pas réfractaires à une potentielle reprise, mais sous certaines conditions, précise Stéphane Riffaut, délégué FO chez Herta. Les syndicats revendiquent notamment le maintien de l’emploi, la garantie des salaires et des acquis sociaux ainsi qu’une prime. Une discussion, un échange pour rassurer nos collègues nous sont refusés, ajoute Stéphane Riffaut. Mais aujourd’hui, nous l’avons démontré au grand patron, pas de main d’œuvre, pas d’usine et pas d’usine, pas d’argent.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante