Alors que de Berlin le président François Hollande s’évertuait encore à défendre le projet de réforme de la ministre de l’Education Najat Vallaud-Balkacem à l’occasion d’une conférence de presse conjointe avec la chancelière allemande Angela Merkel, plus de 50% des enseignants des collèges étaient en grève et des dizaines de milliers manifestaient dans toute la France contre cette réforme. Ils étaient 10 000 à Paris où des milliers de fonctionnaires territoriaux les ont rejoints avec leurs propres revendications contre l’austérité. Au rythme des économies annoncées pour satisfaire aux exigences de Bruxelles, la dotation globale de fonctionnement versée par l’État aux collectivités locales aura en effet diminué de 30% en 2017 par rapport à 2013.
La confédération FO était venue apporter son soutien en la présence de Michèle Biaggi, secrétaire confédérale, ainsi qu’une délégation de la FGF (Fédération générale des fonctionnaires).
Le projet de réforme conduit à réduire l’enseignement disciplinaire de près de 500 heures sur 4 ans
Le ministère a annoncé 27,61% de grévistes, mais en ne comptabilisant que les enseignants qui avaient cours à huit heures. « On peut accorder à la ministre le même crédit quand elle compte le nombre de grévistes que quand elle défend sa réforme en multipliant les confusions, les contrevérités et les mensonges » commente Hubert Raguin, secrétaire général de la Fédération FO de l’enseignement et de la formation professionnelle (FNEC-FP FO).
Le projet de réforme conduit à diminuer de près de 500 heures sur 4 ans (soit l’équivalent d’une demi-année de cours) les programmes nationaux d’enseignement disciplinaire au profit notamment de projets interdisciplinaires dont le contenu sera variable d’un collège à l’autre puisqu’il sera déterminé par chaque conseil d’administration des 5 000 établissements que compte le pays.
A ce sujet, la confédération FO rappelle : « il ne faut pas confondre la diversification interdisciplinaire avec la nécessité de développer le travail en groupes restreints dans le cadre des disciplines et programmes nationaux »
La réforme du collège « se fera » et entrera en vigueur comme prévu à la rentrée 2016 car « elle est indispensable », a déclaré la ministre ajoutant toutefois : « Je veux dire clairement à tous ceux qui ont fait grève ou pas (...) que je les entends et que je suis là pour lever chacune de (leurs) inquiétudes ». Elle a promis que « des garanties » pour une bonne mise en oeuvre de la réforme seraient introduites dans les textes d’application.
Le Premier ministre Manuel Valls s’est dit « confiant », et a insisté : « cette réforme va être mise en oeuvre comme c’était prévu, et le décret sera publié le plus rapidement possible ».
« Une mobilisation de salariés, avec leurs organisations syndicales, qui ne sont pas dupes des manipulations politiques »
Les organisations syndicales reçues au ministère en fin d’après-midi devraient se réunir dans les tout prochains jours pour décider de la suite à donner au mouvement.
Pour FO, explique Hubert Raguin, « la balle est dans le camp de la ministre. Elle dit avoir entendu. Que répond-elle aux salariés qui aujourd’hui ont fait grève et manifesté pour le retrait du projet de réforme comme l’exige l’appel intersyndical ? ». Il souligne : « Aujourd’hui c’était une mobilisation de salariés, avec leurs organisations syndicales, qui ne sont pas dupes des manipulations politiques de ceux qui hier appliquaient la même politique. »
Hier sur RTL, l’ancien ministre Vincent Peillon, qui se revendique comme le père de cette réforme puisqu’elle découle de sa loi de refondation de l’école, rappelait en ces termes : « cette réforme est demandée par la gauche et la droite depuis des années ».
Les personnels, eux, résume Hubert Raguin, « veulent défendre les disciplines et le caractère national de l’enseignement ».