Monoprix : Tenir tête pour défendre les salariés

Portrait par Clarisse Josselin

Photographie : C. Josselin (CC BY-NC 2.0)

Maria Fouché, 55 ans, et Dalila Gaci, 48 ans, sont élues au supermarché Monoprix de la rue du Faubourg-du-Temple, dans le nord-est de Paris. Avec 48 voix sur 69, l’équipe FO a raflé tous les sièges lors des dernières élections, en mars.

On les surnomme les jumelles. Toutes deux travaillent à la mise en rayon de la crémerie. C’est ensemble aussi qu’elles se battent pour les droits des salariés. L’impulsion est venue de Maria, embauchée depuis trente-trois ans dans le magasin et négociatrice dans l’âme. Très rapidement elle s’est présentée aux élections CE, sans étiquette. Je souhaitais savoir ce qui se passait dans l’entreprise, avoir un contrôle, explique-t-elle. Mais je ne voulais pas en faire plus, j’étais seule avec deux enfants.

Ses garçons grandissant, elle décide de s’investir davantage et adhère à FO. Elle embarque sa collègue Dalila dans l’aventure. C’était il y a huit ans. Depuis, l’équipe, composée aussi d’Éric, s’impose dans toutes les élections. Maria est élue DP et CE, Dalila siège au CHSCT.

Taper du poing encore plus fort

48

C’est le nombre de voix obtenues par le syndicat FO du Monoprix Faubourg-du-Temple aux dernières élections, en mars 2017.

Elles se remémorent leurs faits d’armes. Comme cette sous-directrice qui les harcelait et qu’elles ont réussi à faire partir. Ou cet ancien directeur qui laissait ses poubelles dans le couloir. Il a fallu que je les lui rapporte deux fois dans son bureau pour qu’il arrête, s’amuse Maria. Le patron tape du poing sur la table ? Maria tape encore plus fort… Tenir tête, toujours.

À la fermeture, il leur arrive de revenir au magasin pour vérifier que les horaires sont respectés et de faire des photos si nécessaire. Je n’aime pas les injustices, poursuit Maria. On n’a rien à gagner, mais on a ce côté humain, on est là pour défendre tout le monde, c’est ça l’esprit militant. Leur prochain objectif ? Implanter FO dans les deux autres magasins détenus par leur patron. 

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante