NAO de branche : le compte n’y est pas face à l’inflation élevée

InFO militante par Elie Hiesse, L’inFO militante

© Pascal SITTLER/REA

3,8 % de hausse dans le transport aérien, 3 % dans la branche des banques commerciales…
Les dernières négociations de branche font fi de l’inflation persistante et très élevée.

A lors que l’inflation a atteint 5,7 % fin mars (sur un an) et devrait se maintenir à un niveau élevé jusqu’à fin 2023 selon l’OFCE (entre 5,5 % et 6,5 %), les NAO de branche peinent à en tenir compte. La revalorisation automatique du Smic au 1er mai –  d’un peu plus de 2 % selon la Première ministre – met en lumière la faiblesse des propositions patronales.

Transport aérien : FO dénonce le décrochage des salaires

C’est le cas dans le transport aérien (100 000 salariés), où l’accord de branche présenté fin mars acte une augmentation linéaire en deux fois – 2 % au 1er février et 1,8 % au 1er octobre. Il n’y a ni compensation de l’inflation, ni anticipation de la revalorisation du Smic. Et le patronat a refusé toute clause de revoyure, dénonce Michael Dellis, secrétaire fédéral à la FEETS-FO, jugeant l’accord méprisant. Les deux premiers coefficients, devenus inférieurs au Smic réévalué de janvier, le seront de nouveau le 1er mai, malgré la hausse de 2 % concédée par l’accord au 1er février. FO, qui revendiquait 6 % d’augmentation au 1er janvier et un euro d’écart minimum entre les premiers coefficients, a refusé de signer. Les salariés des entreprises sous-traitantes sont les premiers à subir l’insuffisance de l’accord, pointe Michael Dellis qui rappelle les plaintes du patronat face aux difficultés de recrutement. Qu’il paye les salariés correctement plutôt que de provisionner le coût des grèves à venir ! Car il risque d’y en avoir, comme à l’été 2022, en raison du décrochage des salaires. Pourtant, le retour des bénéfices est annoncé…

Banques commerciales : première hausse... depuis 2019

Les banques commerciales de la branche AFB (183 800 salariés) ont beau continuer à très bien se porter, l’accord NAO 2023 ne reflète pas leurs résultats 2022, pas plus l’inflation. Conclu le 31 mars, il entérine une hausse linéaire de 3 % au 1er avril. Mais il marquera : C’est le premier accord salarial après trois années blanches, note Mireille Herriberry, secrétaire fédérale FO-Banques et sociétés financières, qui l’a paraphé. Il marque une reprise de relations un peu normalisées. Avec l’inflation qui perdure, FO n’a pas voulu pénaliser les salariés, explique la militante, précisant que la signature FO n’est pas un blanc-seing pour le patronat. Notable, l’accord NAO 2023 l’est aussi parce que les syndicats ont obtenu un plancher de 800 euros pour vingt-neuf des cinquante-six minima et un minimum spécifique pour les cadres de plus de 50 ans, à 35 500 euros brut. Mieux, pour les treize premiers minima de la grille, l’augmentation a été non pas de 3 % mais de 5,58 %. Celle-ci résulte de l’application cumulative de l’accord du 21 juillet 2022, arraché et signé par tous les syndicats, qui garantit un maintien systématique des minima au-dessus du Smic majoré de 5 %. En mai 2022, pour la première fois de son histoire, la branche AFB a vu trois niveaux de qualification passer en dessous du Smic. C’était inacceptable, rappelle Mireille Herriberry. D’autant que les résultats financiers s’annonçaient records !

Elie Hiesse Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

Sur le même sujet