A lors que l’inflation a atteint 5,7 % fin mars (sur un an) et devrait se maintenir à un niveau élevé jusqu’à fin 2023 selon l’OFCE (entre 5,5 % et 6,5 %), les NAO de branche peinent à en tenir compte. La revalorisation automatique du Smic au 1er mai – d’un peu plus de 2 %
selon la Première ministre – met en lumière la faiblesse des propositions patronales.
Transport aérien : FO dénonce le décrochage
des salaires
C’est le cas dans le transport aérien (100 000 salariés), où l’accord de branche présenté fin mars acte une augmentation linéaire en deux fois – 2 % au 1er février et 1,8 % au 1er octobre. Il n’y a ni compensation de l’inflation, ni anticipation de la revalorisation du Smic. Et le patronat a refusé toute clause de revoyure
, dénonce Michael Dellis, secrétaire fédéral à la FEETS-FO, jugeant l’accord méprisant
. Les deux premiers coefficients, devenus inférieurs au Smic réévalué de janvier, le seront de nouveau le 1er mai, malgré
la hausse de 2 % concédée par l’accord au 1er février. FO, qui revendiquait 6 % d’augmentation au 1er janvier et un euro d’écart minimum entre les premiers coefficients
, a refusé de signer. Les salariés des entreprises sous-traitantes sont les premiers à subir l’insuffisance de l’accord
, pointe Michael Dellis qui rappelle les plaintes
du patronat face aux difficultés de recrutement. Qu’il paye les salariés correctement plutôt que de provisionner le coût des grèves à venir ! Car il risque d’y en avoir, comme à l’été 2022, en raison du décrochage des salaires.
Pourtant, le retour des bénéfices est annoncé…
Banques commerciales : première hausse... depuis 2019
Les banques commerciales de la branche AFB (183 800 salariés) ont beau continuer à très bien se porter, l’accord NAO 2023 ne reflète pas leurs résultats 2022, pas plus l’inflation. Conclu le 31 mars, il entérine une hausse linéaire de 3 % au 1er avril. Mais il marquera : C’est le premier accord salarial après trois années blanches
, note Mireille Herriberry, secrétaire fédérale FO-Banques et sociétés financières, qui l’a paraphé. Il marque une reprise de relations un peu normalisées. Avec l’inflation qui perdure, FO n’a pas voulu pénaliser les salariés
, explique la militante, précisant que la signature FO n’est pas un blanc-seing pour le patronat
. Notable, l’accord NAO 2023 l’est aussi parce que les syndicats ont obtenu un plancher de 800 euros pour vingt-neuf des cinquante-six minima et un minimum spécifique pour les cadres de plus de 50 ans, à 35 500 euros brut. Mieux, pour les treize premiers minima de la grille, l’augmentation a été non pas de 3 % mais de 5,58 %. Celle-ci résulte de l’application cumulative de l’accord du 21 juillet 2022, arraché et signé par tous les syndicats, qui garantit un maintien systématique des minima au-dessus du Smic majoré de 5 %. En mai 2022, pour la première fois de son histoire, la branche AFB a vu trois niveaux de qualification passer en dessous du Smic. C’était inacceptable
, rappelle Mireille Herriberry. D’autant que les résultats financiers s’annonçaient records !