Neige : otages de l’hiver ou des économies ?

Revue de presse par Michel Pourcelot

L’épisode neigeux qui a causé une importante désorganisation, notamment en Ile-de-France, a fait la une des médias pendant plusieurs jours. La presse s’est aussi quelque peu interrogée sur les responsabilités. Aperçus.

La Dépêche
Embouteillages monstres (plus de 700 kilomètres de bouchons), transports en commun non assurés, des milliers d’automobilistes bloqués pendant des heures et hébergés en urgence dans des gymnases ou des gares : la polémique n’a pas tardé. De nombreux internautes ont fait part de leur colère sur les réseaux sociaux. La préfecture nous demande de ne pas prendre nos véhicules, la SNCF et la RATP de reporter nos déplacements. En gros, prends ta journée si tu peux pas faire de télétravail. Moralité : 15 cm de neige, c’est limite la paralysie, se désespérait ainsi une Parisienne sur Twitter. Les habitants de la capitale ne sont pas les seuls à avoir fait part de leur exaspération. [...] La ministre des Transports Elisabeth Borne a de nouveau appelé les automobilistes à laisser leur voiture au garage pour cette journée de jeudi. Ou de rouler en chasse-neige ?

L’Express
Au milieu des flocons, le ministre de l’Intérieur a adopté un ton plus sec : Il faudrait acheter beaucoup de matériel, qu’on utilise une fois tous les trois ans. Lorsque vous êtes au Canada, il tombe 60 centimètres et tout le monde roule parce qu’ils ont investi des milliards et des milliards, a-t-il expliqué, dans des propos rapportés par BFMTV. C’est un peu comme les urgences à flux tendu toute l’année et engorgées à la moindre épidémie. En tous cas, les choses sont claires, plus que sur la N118.

Ouest-France
Aveuglement, paralysie : une partie de la France a souffert : La paralysie d’une partie de la France en raison des récentes chutes de neige provoque l’hilarité outre-Atlantique. Dans une vidéo diffusée sur Facebook, deux Québécois s’offrent une bonne partie de rigolade en commentant l’édition spéciale neige du JT de France 2. Mardi soir, comme d’autres médias français, France 2 ouvre son journal sur les conditions météo. Un tiers du pays se trouve glacé, blanchi sous la neige, la circulation est extrêmement perturbée, annonce la journaliste Anne-Sophie Lapix avant de lancer sur un ton alarmiste toute une série de reportages sur le sujet. La France, ce pays tropical, surpris par la neige...

Le Parisien
La ministre des Transports a affirmé ce mercredi qu’il fallait remonter à 30 ans pour voir une telle quantité de poudreuse en région parisienne. Faux, rétorquent les prévisionnistes que nous avons interrogés. [...] Une manière de dédouaner la responsabilité des services publics en soulignant le caractère historique de cet épisode. Sauf que cette référence historique est fausse. C’est une information erronée qui circule depuis mercredi matin, explique le prévisionniste de Météo France Steven Testelin. L’épisode qui a touché depuis lundi de nombreux départements, est notable mais pas inédit ni exceptionnel, relève ce spécialiste. Il évoque des événements comparables survenus en Ile-de-France et à Paris en janvier et mars 2013 ainsi qu’en décembre 2010. On n’en a pas moins continué à tailler dans les personnels dédiés aux routes.

L’Alsace
Le porte-parole du gouvernement a nié une mauvaise anticipation de l’État. Il faut arrêter de faire croire n’importe quoi aux Français. Il est difficile d’anticiper le nombre de centimètres qu’il va tomber !, a rétorqué le porte-parole du gouvernement, ignorant sans doute les estimations chiffrées et finalement exactes de Météo France. Tout comme la diminution des personnels d’exploitation des onze directions interdépartementales des routes (DIR). Néanmoins, les engins de salage ont circulé sans discontinuer depuis mardi midi pour dégager des centaines de kilomètres d’axes prioritaires. Mais les bouchons (avec un pic record de 739 km !) en fin de journée ont compliqué la tâche des saleuses, puis des déneigeuses. De même qu’un manque de moyens. Tiens donc... La ministre des Transports a reconnu qu’ils ne sont pas suffisants quand il tombe trois centimètres par heure. Et pour trois points de PIB combien de fonctionnaires ?

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante

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