Restauration ferroviaire : chantage aux congés chez Newrest Wagons-Lits

Coronavirus / Covid19 - Pandémie par Clarisse Josselin

Article publié dans l’action Coronavirus / Covid19 - Pandémie

L’arrêt de l’activité dans les hôtels et restaurants le 15 mars pour lutter contre l’épidémie de Coronavirus a également stoppé net la restauration ferroviaire. Chez Newrest Wagons-Lits, la négociation d’un accord sur le chômage partiel tourne au bras de fer.

Cela fera bientôt trois semaines que les salariés de Newrest Wagons-Lits ont cessé de travailler dans les wagons-bars des TGV. Mais aucun accord n’a encore été trouvé avec la direction sur la mise en place du chômage partiel.

Avant de mettre en place le chômage partiel, elle veut prendre des jours de RTT à ceux qui en ont, piocher dans les récupérations ou les congés, profiter de tout ce que le gouvernement autorise aux employeurs, dénonce Jean-Marc Staub, délégué syndical central FO chez Newrest Wagons-Lits et secrétaire général de l’Union FO de la restauration ferroviaire. Mais pour cela il lui faut un accord. Si on n’accepte pas de signer, la direction menace de déplacer les vacances d’été, elle a le droit de le faire. C’est un affreux chantage, les salariés n’ont rien en contrepartie.

Dans un communiqué commun, tous les syndicats FO de Newrest demandent l’application du chômage partiel pour l’ensemble des salariés, sans toucher aux différents compteurs de repos, RTT et congés payés. Ils rappellent que les congés payés, protégés par le droit communautaire, doivent permettre aux salariés de se reposer et de pratiquer des loisirs.

Par ailleurs, le salarié en chômage partiel est indemnisé par son employeur à hauteur de 70 % du salaire brut, soit 84 % du salaire net. Ce montant étant exceptionnellement remboursé intégralement par l’État à hauteur de 4,5 Smic, les syndicats FO demandent à Newrest de prendre en charge le différentiel avec le salaire, pour que les travailleurs ne soient pas lésés financièrement.

Désaccord sur l’assiette de calcul du chômage partiel

Non seulement la direction refuse, mais elle tente également de rogner sur le montant de l’indemnisation pour le personnel commercial de bord. Nous sommes en désaccord sur l’assiette retenue pour le calcul du chômage partiel, poursuit le délégué FO, syndicat majoritaire chez Newrest Wagons-Lits.

Pour les « baristas » postés derrière les bars TGV, le salaire est composé d’une part fixe et d’une part variable (intéressement sur les ventes, indemnité de nourriture...). Or, ce dernier élément représente en moyenne un quart du total du salaire. La direction veut calculer le chômage partiel sur la seule base du salaire fixe, dénonce Jean-Marc Staub. Nous demandons à utiliser la même base que pour le paiement des congés payés, qui inclut aussi une moyenne de la part variable. Il souligne par ailleurs que la reprise sera dure financièrement pour les salariés, car le premier mois ils ne toucheront pas la part variable, toujours versée avec un mois de décalage.

C’est mal barré pour qu’on signe quelque chose, prévient Jean-Marc Staub. Il est d’autant plus remonté que le CSSCT n’a pas été convoqué depuis le début de la crise sanitaire et que la direction a, selon lui, montré peu de considération pour la santé du personnel. Les derniers jours avant le confinement, les salariés de la restauration ferroviaire n’avaient pas de protection minimale contre le virus, ni gel hydroalcoolique, ni masques, dénonce-t-il. Pourtant, on avait demandé à la direction de faire des stocks dès le mois de janvier.

Et le 15 mars, au lendemain de l’annonce du Premier ministre de la fermeture des bars et restaurants, la direction a décidé de poursuivre l’activité. Cela même si dans les trains les salariés sont à moins d’un mètre des clients, rappelle le militant. La direction a prévu de les faire travailler en aller-retour sur la journée, en supprimant juste les découchés, poursuit-il. On a appelé les salariés à exercer leur droit de retrait. Ils ont été si nombreux à le faire valoir que l’activité a été arrêtée à 8h30 du matin, et depuis ils sont chez eux. 

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante