Non, le secteur public français n’est pas en situation d’obésité

Emploi public par Valérie Forgeront

Les missions des agents publics sont globalement moins externalisées en France. © HAMILTON / REA

La rengaine est connue… L’emploi public serait pléthorique en France. L’organisme France Stratégie a cherché à vérifier la pertinence de cette assertion en comparant les données propres à dix-neuf pays, en Europe et au-delà. Conclusion ? Dire que la France est « sur-administrée » constitue un mensonge. Démonstration.

Selon un récent rapport, l’emploi public en France n’aurait rien d’un mammouth qu’il faudrait dégraisser. Dans son étude, France Stratégie – organisme rattaché à Matignon –précise néanmoins que cette enquête, consistant à comparer le poids de l’emploi public dans dix-neuf pays, vise à fournir les pistes de réformes qui seront à privilégier en France pour réduire la part des dépenses publiques dans le PIB. Vigilance donc. Reste que les résultats de cette étude (utilisant des données de l’OCDE et d’Eurostat) sont sans équivoque. Sur le plan des effectifs, avec un taux d’administration de 90 emplois publics pour 1 000 habitants, le poids de l’emploi public (sur la période 1985-2015) se situe dans la moyenne haute des pays étudiés. Il n’y a aucun excès dans l’évolution des effectifs, souligne France Stratégie, précisant que ce taux ne renseigne finalement que sur le maillage administratif du pays. Le taux français – qui illustre le choix d’emplois directs et d’une faible sous-traitance – place le pays devant les États-Unis ou encore le Royaume-Uni, mais bien en deçà des pays scandinaves et du Canada. L’étude comparée du volume engagé de dépenses publiques ne place pas non plus la France dans l’excès. Au contraire. Par ailleurs, cette place résulte d’un choix politique en faveur d’une forte socialisation des risques.

La France en queue de peloton pour ses dépenses de fonctionnement

7e

C’est le rang qu’occupe la France pour le poids de ses rémunérations publiques, en comparaison avec dix-neuf pays, en Europe et au-delà.

Certes, la France, par ses prestations monétaires [dont les prestations sociales, NDLR] est sans conteste parmi les pays qui dépensent le plus, en proportion de son PIB. La France est au second rang derrière l’Italie pour le poids de ses dépenses de prestations sociales (hors transferts en nature). Elle est première sur dix-neuf pays pour le poids global (sur le PIB) des dépenses de protection sociale. Des dépenses qui, pour 90 % d’entre elles, sont financées sur fonds public, rappelle France Stratégie. Si l’on tient compte en revanche des dépenses publiques de fonctionnement (hors personnel), l’écart avec nos voisins se resserre. La France redescend à la treizième place pour le poids de ces dépenses, qui comprennent notamment l’investissement public (3,4 % du PIB en 2015 mais en baisse depuis 2000). Le pays a moins recours à l’externalisation de ses services que d’autres, explique l’étude, notant la difficulté de comparer des pays aux modes de gestion et aux périmètres différents. Les dépenses de fonctionnement dans leur globalité comprennent les rémunérations publiques, les dépenses d’entretien et les fournitures, les prestations assurées par le secteur privé pour le compte des administrations, mais aussi les dépenses de transferts ou de prestations en nature (en santé, logement, transport, éducation…) assurées par le secteur privé mais payées par la puissance publique (remboursement de consultations médicales, médicaments, chèques emploi-service…). La France se situe au sixième rang sur dix-neuf pays pour le poids de ces dépenses. Le niveau des rémunérations dans le secteur public est quant à lui relativement modéré. La France se situe à la septième place (sur 19 pays) pour le poids de ses rémunérations publiques. Un poids stable depuis 2000, note l’étude, précisant que ce rang traduit plutôt un fort taux d’administration qu’un haut niveau des salaires. Les agents publics acquiesceront.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante