Permis de conduire : une grève pour défendre une mission publique

InFO militante par Valérie Forgeront, L’inFO militante

Ils participent à garantir la sécurité des usagers de la route. En grève le 3 octobre à l’appel du SNICA-FO, les inspecteurs et délégués du permis de conduire demandent une juste reconnaissance et l’arrêt de réformes dangereuses.

De réformes en réformes, la mission publique exercée par les inspecteurs et délégués du permis de conduire perd de sa puissance. Dangereusement. Transférés en 2014 au ministère de l’Intérieur, ils sont dépossédés de pans entiers de leurs missions statutaires en voyant leur rôle considérablement restreint, notamment par le biais de privatisations, dont celle de l’examen du code de la route (ETG), s’indigne le SNICA-FO, ultra majoritaire dans le secteur et qui appelait à la grève le 3 octobre.

Le syndicat demande le renforcement des missions (dix-sept de perdues depuis 2015), ce qui passe notamment par la création de deux cents emplois supplémentaires d’inspecteurs et vingt de délégués. En juin 2021, une sénatrice soulignait que selon les responsables des auto-écoles, près de 350 000 élèves patientent pour passer les épreuves pratiques du permis, pour seulement 1 363 inspecteurs. Et de noter par ailleurs que les places pour le passage du permis sont accordées aux auto-écoles en fonction du taux de réussite de leurs candidats, mesure inéquitable et inégalitaire. En réponse, le gouvernement indiquait que le délai pour passer l’examen du permis a été ramené à 58 jours en mai 2021 et que depuis le 1er juillet 2020, un rythme de treize examens par jour et par inspecteur est défini. Et de préciser qu’avec 1 929 000 épreuves pratiques, dont 1 422 200 pour la catégorie B du permis de conduire, ce dernier représente le premier examen de France. Mais sans les moyens nécessaires.

L’attestation d’une auto-école en guise de permis ?

Le SNICA-FO constate ainsi de plus en plus de fraudes massives (dont l’usurpation d’identité), l’effondrement des taux de réussite au code (ils sont passés de 70 % à 50 %), la délivrance d’attestations de complaisance... Pour FO, les réformes sont responsables de cette situation. L’examen du code, désormais payant, pour le permis B est réalisé par le secteur privé, de même pour de nouvelles catégories de permis. Actuellement, le ministère de l’Intérieur envisage, dixit, un permis probatoire sur le modèle du permis belge (...) qui permettrait aux écoles de conduite de délivrer une attestation autorisant temporairement à conduire, dans l’attente d’un examen ultérieur réalisé par un IPCSR. FO répond : La Wallonie a réformé son système en 2018, précisément pour éradiquer la délivrance d’attestations de complaisance par les auto-écoles ! Et donc pour sécuriser les routes.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

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