FO œuvre à éviter la « casse sociale » chez Go Sport, en redressement judiciaire

InFO militante par Chloé Bouvier, L’inFO militante

© Pierre BESSARD/REA

Le tribunal de commerce de Grenoble a décidé ce redressement judiciaire après avoir constaté l’état de cessation de paiement de l’entreprise, le 19 janvier. Les administrateurs judiciaires nommés auront la pleine collaboration de FO qui tient à éviter la casse sociale. Alors que des doutes planent sur la gestion de la société-mère HPB et son patron, Michel Ohayon, une information judiciaire pour abus de bien sociaux a été ouverte.

Pour les salariés et le syndicat de Go Sport, la décision est tombée le 19 janvier, trois jours après l’audience. Le tribunal de commerce de Grenoble a placé le distributeur d’articles sportifs en redressement judiciaire, après avoir constaté son état de cessation de paiements. La société Go Sport France n’est pas déclarée en cessation des paiements, mais sa situation sera impactée par celle de sa société mère est-il précisé dans le communiqué.

Ainsi deux administrateurs et deux mandataires judiciaires ont été désignés pour une première période d’observation de six mois, afin de gérer l’entreprise dans le meilleur intérêt des salariés et des créanciers, sous le contrôle des juges et du parquet. L’actionnaire, Michel Ohayon n’a désormais plus la gestion de l’entreprise. Pour rappel, le milliardaire bordelais avait racheté Go Sport fin 2021 pour un euro symbolique. L’entreprise appartient depuis à la société Hermione, People and Brands (HPB) division de la Financière immobilière bordelaise (FIB).

Une gestion malhonnête des actionnaires

Pour Christophe Lavalle, délégué FO, C’est la moins pire des décisions possibles. Cela nous permettra d’avoir une vraie vision des chiffres de la société, et non ceux que les actionnaires veulent nous faire croire. Dès l’automne 2022, les élus FO avaient questionné la santé financière du groupe, en lançant une procédure de droit d’alerte. En novembre, c’étaient les commissaires aux comptes de l’entreprise qui constataient une remontée de 36 millions d’euros de trésorerie de Go Sport vers sa maison mère, le groupe HPB. Cette maison-mère était aussi celle de Camaïeu, qui a été placée en liquidation judiciaire le 28 septembre dernier. Cet argent a-t-il servi à remplir les caisses de Camaïeu, au détriment de Go Sport ? Nous aimerions le savoir !, s’indigne Christophe Lavalle.

C’est un sentiment de révolte qui anime le militant. Ce redressement judiciaire est la cause directe de la gestion malhonnête de nos actionnaires ! Ce ne sont pas eux qui vont subir l’angoisse, qui vont renoncer aux primes et se serrer la ceinture. Ce sont les employés qui vont devoir assumer leur incompétence. FO collaborera de tout cœur avec les administrateurs judiciaires pour éviter la casse sociale et sauver les emplois, souligne Christophe Lavalle. D’autant que l’entreprise demeure n°3 français des articles de sport : Nous avons notre chance, il n’y a pas de fatalité.

Une enquête pour « abus de biens sociaux »

Par ailleurs, la gestion de Go Sport intéresse également la justice pénale. Le parquet de Grenoble a ouvert une information judiciaire pour « abus de biens sociaux », sur les mouvements financiers dans les comptes de l’entreprise. C’est la section de recherche de la gendarmerie de Grenoble qui a été chargée des investigations. Outre les 36,3 millions d’euros, une seconde ponction suspecte est observée de près : 18 millions d’euros qui auraient pu passer de Go Sport vers Camaïeu pour payer les derniers salaires du personnel avant licenciement.

Ce sera à la justice de trancher, mais nous avons le sentiment d’avoir été entendus, soupire Christophe Lavalle qui évoque un combat de David contre Goliath. Nous nous sommes battus et notre cause était juste, c’est pour cela que la justice est du côté de l’intersyndicale et de FO. Cela montre bien que le syndicalisme n’est pas mort, loin de là.

Chloé Bouvier

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération