David se bat pour défendre la retraite des égoutiers

InFO militante

© F. BLANC
Article publié dans l’action Réforme des retraites, FO dit stop !

David Planché, 49 ans, est technicien des services opérationnels en chef à la permanence des égouts de Paris et délégué syndical adjoint FO de la section de l’assainissement de la Ville. Le milieu insalubre dans lequel il évolue réduit son espérance de vie. Il est de tous les combats contre la réforme des retraites, totalement opposé à l’idée de travailler plus longtemps.

À  chaque prise de service, David emprunte un escalier situé au bout du bassin de l’Arsenal pour rejoindre la permanence des égouts de Paris, un service méconnu mais cependant essentiel au bon fonctionnement de la capitale. On est un peu les pompiers de l’assainissement, on réagit jour et nuit aux appels téléphoniques pour des urgences, par exemple des engorgements, des mauvaises odeurs ou des objets tombés, explique le chef d’équipe en montrant une alliance qu’il vient juste de retrouver. C’était comme chercher une aiguille dans une botte de foin, le monsieur a vraiment eu de la chance.

Ils sont 250 agents à parcourir à pied, pour les entretenir, les 2 400 kilomètres du réseau d’égouts de Paris intra-muros, véritable ville sous la ville. Outre l’insalubrité, ils s’exposent à un cumul de risques : chute de très grande hauteur, noyade, effondrement des galeries, électrocution… David évoque aussi la radioactivité, le cyanure, l’amiante, les gaz toxiques, ainsi que le voisinage des rats et des cafards. Les égouts c’est un peu les intestins de Paris, tout ce qui est en haut finit un jour chez nous, glisse-t-il. Dans ce métier historique, il n’y a pas eu de grande avancée technique depuis Haussmann. Sous terre, les bateaux sont encore halés à la force des bras.

Les équipements individuels n’ont commencé à s’améliorer qu’après les années 2000, avec l’usage du harnais ou de la combinaison jetable. Les masques filtrant l’air ne se sont imposés qu’en 2014. Selon une étude de l’INRS de 2009, les égoutiers de la capitale ont une surmortalité de 56 % par rapport à la normale. Notre espérance de vie est de 62 ans et aujourd’hui on nous parle d’une retraite à 64 ans, pas besoin d’image, lâche David, qui est au front contre la réforme des retraites.

Un départ anticipé de dix ans au titre de l’insalubrité

Actuellement, les égoutiers peuvent partir officiellement en retraite à 52 ans, grâce à un départ anticipé de dix ans accordé au titre de l’insalubrité. Mais il faut avoir au moins trente-deux ans de service, et la pension est calculée au prorata des trimestres cotisés, poursuit-il. Je ne connais personne qui soit parti à cet âge-là.

Ce ne sera pas son cas non plus, lui qui est entré dans le métier à 30 ans, après avoir été comptable, installateur d’antennes, imprimeur… J’ai passé trois concours et j’ai pris le premier qui a répondu, j’ai deux enfants, il fallait bosser, explique celui qui est désormais technicien des services opérationnels en chef à la section de l’assainissement de Paris, autrefois appelé chef égoutier. En cas d’allongement des carrières, il se demande comment les égoutiers pourraient être reclassés et redoute des licenciements pour inaptitude.
C’était déjà pour s’opposer à une précédente réforme des retraites qu’il avait rejoint FO, en 2010. Le meilleur moyen de savoir ce qui se passait, c’était le syndicat et à FO les actions sont réfléchies et on s’occupe de l’humain, explique-t-il.

Parmi ses revendications, le militant, aujourd’hui délégué syndical suppléant de la section de l’assainissement de Paris (SAP), se bat aussi pour une harmonisation des carrières. En faisant des chefs égoutiers des techniciens, on nous a privés de la carrière accélérée et de la bonification de dix ans, dénonce le chef d’équipe, qui rêve de passer plus de temps avec ses enfants. Alors qu’on est comme le capitaine du bateau, le premier à descendre dans les égouts et le dernier à remonter.

Dans l’action Réforme des retraites, FO dit stop !