Nucléaire : chez Orano, FO s’est battue pour préserver au mieux les salaires

Coronavirus / Covid19 par Clarisse Josselin

Pascal SITTLER/REA

FO est signataire d’un accord sur l’activité réduite chez Orano pendant l’épidémie de Covid-19. Ce dernier préserve l’essentiel de la rémunération des salariés et octroie une prime à ceux qui travaillent sur site. Les préoccupations du syndicat portent désormais sur les conditions de reprise de l’activité, qui se met en place progressivement.

Après l’annonce du confinement le 17 mars, le géant de l’uranium Orano (ex-Areva) n’a maintenu que les activités vitales pour permettre à EDF de produire de l’énergie : l’expédition des éléments combustibles – le mox – et la réception des combustibles usés. Certains sites, comme Pierrelatte ou La Hague, ont tourné en effectifs réduits mais ne se sont jamais arrêtés. En revanche, à Marcoule, le démantèlement a été stoppé. La limitation de l’activité et le respect maximal du confinement durant l’épidémie de Covid-19 est l’une des revendications de FO.

Un accord permettant la mise en place de l’activité réduite a été signé le 8 avril par l’ensemble des syndicats du groupe (FO, CFE-CGC, CGT, CFDT et SPAEN). Il s’applique aux 12 000 salariés du groupe, sur une période allant du 16 mars au 30 juin 2020, à l’exception du site de Malvési, déjà couvert par un accord.

Lors de cette négociation menée sur quatre jours, la priorité de FO, organisation majoritaire dans le groupe, a été le maintien de salaire en activité partielle. Quand on a négocié, beaucoup d’installations étaient déjà à l’arrêt, explique Éric Nadal, délégué syndical central adjoint FO d’Orano Cycle. Au départ, la direction voulait s’en tenir seulement à la loi et rémunérer l’activité partielle à hauteur de 70 % du salaire brut.

Des salariés placés en réserve et non en chômage partiel

Selon cet accord, le télétravail est la règle pour tous les salariés lorsque leur activité professionnelle et leur équipement informatique le permettent. Ils sont alors rémunérés à 100 %. Lorsque l’activité d’un atelier est maintenue, même de manière réduite, FO a obtenu que les équipes ne soient pas placées en chômage partiel mais considérées comme réservistes. L’organisation du travail a été revue pour réduire les équipes au minimum, poursuit Éric Nadal. Des salariés restent en réserve à la maison pour faire des roulements et éviter qu’il y ait trop de gens sur le terrain. La rémunération est également maintenue à 100 %.

Quand l’activité est à l’arrêt, les salariés sont placés en chômage partiel et indemnisés à hauteur de 77 % du salaire brut, soit 92 % du salaire net. Ils peuvent monétiser deux jours de congés par mois pour maintenir le niveau de leur rémunération.

FO a obtenu une prime pour les salariés qui travaillent sur le terrain. Son montant varie de 150 à 1 000 euros en fonction du nombre de jours passés sur site.

Tous les salariés – à l’exception de ceux qui travaillent sur site – doivent également poser cinq jours de repos (RTT, congés payés...) avant le 31 mai 2020. Ce point fait actuellement l’objet d’un débat avec la direction. Cette dernière tente en effet de mettre en place un prorata pour ceux qui n’auraient pas passé la totalité du confinement sur le terrain. Car dans les faits, l’activité reprend progressivement. Ainsi, à La Hague, le retraitement du combustible nucléaire, à l’arrêt les premières semaines, a commencé à redémarrer le 13 avril.

La reprise, vecteur de contagion ?

L’accord ne précise pas de durée de travail minimale sur site pour être exempté de la pose de jours de congés, explique Fabrice Mahieu, secrétaire du CSE à La Hague et négociateur de l’accord. Avec la reprise progressive de l’activité, de plus en plus de salariés sont sur le terrain et la direction voit sa réserve de congés fondre. Elle nous parle désormais d’interprétation. Mais l’accord a été signé, il faut l’appliquer tel qu’il a été rédigé. On ne veut même pas discuter, seul un avenant pourrait le modifier, et je ne suis pas sûr que les syndicats FO seraient prêts à le signer.

Désormais, toutes les préoccupations des syndicats FO vont porter sur les conditions de reprise de l’activité à l’issue du confinement. Gel, masques, nouvelle organisation du travail... Fabrice Mahieu reconnaît que beaucoup de choses ont été mises en place pour protéger les salariés face au Coronavirus. Mais il reste actuellement des points noirs, comme la restauration collective ou le transport du personnel en interne dans l’usine, où c’est plus dur d’appliquer les règles de distanciation, estime-t-il. Est-ce qu’il faudra encore garder des salariés en réserve ou en télétravail ? Il y a peu de cas de Covid dans la région, donc la reprise peut être un vecteur de contagion.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante