[Œnologie] Apprendre à faire son vin

Culture par Christophe Chiclet

©Brian REYNAUD/REA

À Camarsac en Gironde, on peut désormais faire son propre vin, c’est-à-dire s’initier à l’art complexe de l’assemblage des cépages. Et pendant qu’on y est, aller visiter aussi la propriété viticole du château de Malromé, la dernière demeure de Toulouse-Lautrec.

En France les cépages de blancs les plus plantés sont le chardonnay, le sauvignon, le sémillon, le riesling et le muscat. En rouge : merlot, cabernet-sauvignon, cabernet-franc, merlot, gamay, syrah, pinot noir. Dans nombre de vignobles français, on est monocépage. C’est-à-dire qu’un cépage donne un vin. Mais dans le bordelais, la tradition est à l’assemblage. Il s’agit d’un des aspects de l’œnologie. Il faut délicatement mélanger différents cépages pour obtenir les meilleurs vins. Et cela varie chaque année suivant les maturités, les conditions climatiques, les rendements… Bref, il s’agit d’un travail de précision digne des grands parfumeurs de Grasse.

Si l’oenotourisme a le vent en poupe depuis une bonne dizaine d’années (visite des chais, dégustation et achats), les époux Lurton, propriétaires du château de Camarsac, à 20 kilomètres à l’Est de Bordeaux (1), innovent en proposant aux visiteurs de fabriquer leur propre vin en les initiant à l’art subtil de l’assemblage. Ainsi au lieu de bêtement acheter les vins de la propriété, vous repartez avec vos bouteilles à votre propre goût, votre propre palais.

Thierry Lurton qui a d’abord été éducateur de rue, donne ainsi aux apprentis œnologues deux verres et l’accès à six cuves de vins de cépages différents (sauvignon blanc- sémillon et merlot-cabernet sauvignon-cabernet franc). Vous goûtez le contenu des cuves, vous procédez aux pré-assemblages puis vous affinez à votre goût. À la vôtre !

L’inclassable Toulouse-Lautrec

Pendant que vous y êtes, à vingt minutes en voiture vers le sud, vous pouvez visiter la propriété viticole du Château Malromé à Saint André du Bois (2). Dirigée par Charles Estager, c’est une propriété de 43 hectares (37 de rouges, 6 de blancs). En tant que visite classique de chais avec dégustation et achats, il ne faut pas oublier qu’il s’agit du château de Malromé où Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901) venait s’y reposer, usé par les excès d’absinthe et des pensionnaires des bordels qu’il a peintes avec une infinie tendresse.

Malromé, demeure familiale et exploitation viticole depuis le XIVè siècle, fut sa dernière demeure. Ce génie inclassable et souvent implacable dans sa critique de la bonne société dont il était issu, avait l’habitude de déclarer qu’il boirait du lait, le jour où les vaches brouteraient du raisin. Son château se visite aussi, où l’on peut voir nombre d’originaux et de reproductions, après d’importants travaux de restauration de cette belle bâtisse (extérieur et intérieur), par les nouveaux propriétaires, il y a seulement quelques années.

(1) Clos du Prince, Château de Camarsac, par la D936, 30 route de Bergerac, 33750 Camarsac, rdv : thierrylurton.com ; visite-dégustation 12€, atelier assemblage 45€. Voir aussi le site : www.ruedesvignerons.com
(2) Visite sur réservation : visite@malrome.com ; 05 56 76 25 42 ; tous les matins à 11h30, par groupe de 9 personnes.

Christophe Chiclet Journaliste à L’inFO militante