Optique, soins dentaires et auditifs : mise à feu du reste à charge zéro

Protection Sociale par Françoise Lambert

Le gouvernement a lancé le 23 janvier une concertation avec les professionnels de santé, l’assurance maladie et les complémentaires santé. Objectif : définir une offre de soins intégralement remboursée. La négociation s’annonce complexe, notamment sur le volet du financement.

Zéro reste à charge sur les soins optiques, dentaires et auditif : Le candidat Macron avait promis la mesure lors de sa campagne présidentielle. La ministre de la Santé Agnès Buzyn la met aujourd’hui en musique. Elle a lancé le 23 janvier une concertation avec les professionnels de santé concernés, l’assurance maladie et les complémentaires santé.

Faciliter l’accès à des soins aujourd’hui mal remboursés

Les discussions devront aboutir en mai, en vue d’une présentation en juin du calendrier de mise en œuvre du dispositif, qui vise à faciliter l’accès à des soins aujourd’hui mal remboursés.

Le reste à charge zéro doit entrer en vigueur avant 2022. Il concernera tous les assurés qui disposent d’une couverture complémentaire santé, soit 95% de la population.

Définir des soins de qualité, nécessaires à tous

Concrètement, les acteurs des secteurs concernés doivent d’abord s’entendre sur un panier de soins, c’est à dire sur la définition d’une offre d’optique et de prothèses dentaires et auditives nécessaires à tous, de qualité, et qui sera intégralement remboursée.

L’enjeu est de taille, puisque les assurés sociaux ont déboursé en 2016 trois milliards d’euros pour leurs dents, leurs lunettes ou leurs audioprothèses sur un total de 18,3 milliards d’euros de dépenses dans ces secteurs.

Ne pas renchérir les tarifs des complémentaires santé

La négociation s’annonce complexe, surtout sur le volet financier. La concertation va permettre de voir sur quels segments de l’activité on va pouvoir faire éventuellement des économies, a indiqué Agnès Buzyn.

La ministre de la Santé a prévenu que la réforme ne devra pas peser sur les tarifs des complémentaires santé au-delà de l’évolution tendancielle observée. Les industriels et les distributeurs seront aussi mis à contribution, via des encadrements de prix.

Les dentistes ont déjà entamé leurs discussions avec l’assurance maladie dans le cadre des négociations conventionnelles, réouvertes en septembre. Les opticiens et audioprothésistes vont eux négocier avec l’État, l’assurance maladie et les complémentaires santé.

 

Repères : Un reste à charge élevé et des renoncements aux soins
Aujourd’hui, le reste à charge moyen pour une prothèse dentaire (céramo-métallique) atteint 135 euros, soit 25% du prix de la couronne. Et les soins dentaires concentrent 47% des renoncements aux soins pour raison financière. Pour une audioprothèse, un assuré doit débourser en moyenne plus de 780 euros après la prise en charge par les complémentaires. Dans le secteur de l’optique, 10% de la population renonce à des équipements. Le reste à charge représente en moyenne 22% de la dépense totale et 95 euros.

Françoise Lambert Journaliste à L’inFO militante