Orange : FO-Com se mobilise pour les salaires

InFO militante par Chloé Bouvier, L’inFO militante

© Laurent GRANDGUILLOT/REA

La date avait été fixée : FO-Com et plusieurs autres organisations syndicales d’Orange ont déposé un préavis de grève pour le 21 septembre, conséquence d’un dialogue social dégradé et d’un ras-le-bol généralisé. Le syndicat revendique une revalorisation salariale en reconnaissance notamment du travail effectué par les salariés au cours de cette année mouvementée.

Avec cinq autres organisations syndicales du groupe de télécoms Orange, FO-Com a déposé un appel à la grève pour le mardi 21 septembre. Il y a un ras-le-bol général des salariés. La situation couve depuis longtemps, ce n’est pas une mobilisation qui sort du chapeau, constate Christine Besseyre, secrétaire générale de la fédération.

Les NAO, un point majeur d’achoppement

La faute notamment à un dialogue social qui n’a cessé de se dégrader : les revendications salariales opposent depuis plusieurs mois déjà les syndicats et la direction de l’opérateur. Les négociations annuelles obligatoires ont été un point d’achoppement, explique Jean-Marc Lis, délégué syndical Central Orange. La direction nous a proposé des mesures provocatrices, extrêmement faibles. Déjà l’année dernière, une décision unilatérale nous a été imposée, là, c’est la fois de trop. Dans un communiqué commun, FO-Com et les organisations participant à l’intersyndicale exigent une politique de l’emploi et des salaires qui ne soit plus dictée par les garanties de dividendes et la seule évolution des cours de l’action Orange. Les syndicats dénoncent une revalorisation salariale inférieure à celle du Smic.

Alors que les salariés ont redoublé d’efforts durant la crise du Covid, y compris dans les conditions difficiles du télétravail dans le cadre des confinements, ils demandent de la reconnaissance de la part de la direction, surtout que le chiffre d’affaires suit, indique le délégué syndical.

Pour rappel, Orange a dégagé 5 milliards de bénéfices net en 2020. Mais la direction reste sourde aux demandes des organisations syndicales. Ils ne cèdent rien. Chaque discussion est une confrontation, c’est l’opposé du dialogue social, pointe Christine Besseyre.

Transformer oui, mais pas à n’importe quel prix

Parmi les autres revendications de l’intersyndicale, la question des emplois est cruciale. Lorsque des salariés quittent l’opérateur, peu de départs sont remplacés. Nous demandons une politique massive de recrutement et le remplacement de tous ces départs, explique Jean-Marc Lis. Mais aussi le retour au sein de la maison mère de plusieurs activités qui ont été externalisées. Certains éléments de la sous-traitance détériorent le service et nos conditions de travail.

Orange a annoncé plusieurs axes de transformation et projets stratégiques pour l’avenir. Nous comprenons le besoin de changer dans un univers concurrentiel où les technologies évoluent tout le temps. C’est normal de transformer l’entreprise, mais pas n’importe comment et à n’importe quel prix, encore moins à celui des conditions de travail des salariés, précise le délégué syndical Centrale Orange. Dans son texte, l’intersyndicale demande également L’arrêt de tous les projets de restructuration visant à faire des économies sur le dos des salariés notamment en appliquant une rigueur salariale, en réduisant les effectifs et externalisant, voire délocalisant massivement les activités avec des compétences clés.

L’enjeu du télétravail

Comme bien d’autres, les travailleurs d’Orange ont été confrontés brutalement au télétravail depuis plus d’un an. Alors que les négociations sur le sujet vont s’ouvrir prochainement, l’enjeu est de taille, souligne FO-Com. Pour le premier confinement, au printemps 2020, la mise en place du télétravail a été très dure, rappelle Christine Besseyre. Beaucoup d’aspects relatifs au droit à la vie privée, notamment à la déconnexion, n’ont pas été respectés, ajoute Jean-Marc Lis. Nous demandons que les accords passés soient respectés. La direction à tendance à les interpréter à sa manière alors que les organisations syndicales représentatives ont une toute autre lecture.

Il s’agit donc pour FO-Com de veiller au respect des textes votés. Par exemple nous savons que le fait de télétravailler implique des coûts, en termes de chauffage ou d’électricité par exemple. Il est normal que les salariés soient défrayés. Nous serons vigilants. Mais l’enjeu est aussi sur le long terme : dans son courrier, l’intersyndicale demande ainsi la révision de la politique immobilière de l’entreprise pour […] ne pas systématiser la création d’open-space et/ou de flex desk.

Une mobilisation pour peser dans les négociations

La grève du 21 septembre signe aussi la première mobilisation après une année marquée par une certaine désociabilisation dans le cadre des confinements. En Île-de-France, les 6 organisations syndicales se sont donné rendez-vous devant le nouveau siège social d’Orange, à Issy-les-Moulineaux. Nous sommes inquiets pour les salariés qui peuvent mal vivre le retour sur site après 18 mois à travailler depuis chez eux. Mais aussi pour les managers qui vont devoir gérer cela, souligne Jean-Marc Lis.

Si elle croit en l’importance d’un large mouvement pour mobiliser le plus grand nombre, la grève n’est pas le seul horizon de la secrétaire générale. Nous voulons revenir à la table des négociations car cela nous paraît nécessaire pour défendre et faire progresser les intérêts des salariés. La grève du 21 septembre pourra nous donner davantage de poids et montrer que le mécontentement est unanime.

Chloé Bouvier

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération