Orangina, le goût..., de la victoire salariale

InFO militante par Chloé Bouvier, L’inFO militante

© Jean-Claude MOSCHETTI/REA

Trois des quatre sites de production d’Orangina ont déclenché un débrayage complet les 5 et 6 décembre pour montrer leur mécontentement quant au déroulé des NAO. À la suite de ce mouvement d’ampleur et réussi, la direction a proposé une hausse de 6,5% de l’ensemble des salaires. Une victoire pour FO.

Ce mois de décembre a un goût de victoire pour les salariés français d’Orangina. Lundi 5 décembre, à partir de 22H30 et parfois jusqu’au lendemain, trois des quatre sites du groupe ont déclenché un débrayage complet. Sur le site de La Courneuve, où je travaille, la grève a duré 24 heures, témoigne Youen Le Noxaïc, délégué syndical FO. Ensuite, selon les sites, la durée de la mobilisation a varié de quelques heures comme à Chateauneuf-de-Gadagne, à deux jours pour le site de Meyzieu, près de Lyon. Dans l’usine Donery, dans le Loiret, les salariés ont tenu quatre journées de grève.

Tous revendiquaient une augmentation de leurs salaires, alors que se tenaient les négociations annuelles obligatoires. Alors que les syndicats exigeaient une hausse générale de 9 % comprenant une augmentation de 7,5% début janvier puis de 2 % dès avril, la direction se bornait à proposer une hausse de 3 % en janvier puis 2 % en avril. Face à cette réponse minimale, les salariés sont venus nous voir pour nous faire part de leur volonté de se mobiliser et ce avant la dernière réunion des NAO, raconte le délégué syndical. Les mouvements d’ampleur sont assez rares dans notre entreprise : le dernier en date remonte à 2015.

Une hausse générale des salaires

Finalement, les salariés ont obtenu gain de cause. Lors de la dernière réunion de négociation le 9 décembre, la direction a proposé une augmentation générale de 6,5 % pour les ouvriers et de 5,5 %, assortie d’une mesure de hausse individuelle de 1 %, pour les cadres. La mobilisation a permis de prendre 1,5 point de plus sur les revalorisations prévues, appuie le militant. Entre autres, nous avons aussi obtenu une revalorisation de la grille salariale et une clause de revoyure des accords pour le 30 juin, dans le cas où à cette date, l’inflation dépasse les 5%.

Pour FO, cette reconnaissance salariale était d’autant plus justifiée que l’année 2022 est historique pour l’entreprise. Jamais on a autant vendu que cette année, explique Youen Le Noxaïc. Orangina dégage 120 millions d’euros de bénéfices nets après impôts. Suntory, le groupe japonais qui a racheté Orangina en 2009, a redistribué à ses actionnaires 150 millions d’euros de dividendes. Nous voulons notre part de la richesse produite, rappelle le militant. Et d’autant que la forte demande commerciale a rimé avec dégradation des conditions de travail : il faut produire plus. Sur certains sites, en centre-ville, comme la Courneuve, il est impossible de travailler le dimanche. Cela implique donc la réalisation d’heures supplémentaires, parfois nombreuses.

Des salariés prêts à se battre

C’est en 2019 que FO a fait son entrée au sein du groupe Orangina (200 salariés dont 650 dans les usines). Le syndicat a raflé trois sièges sur huit au sein du site de la Courneuve. Depuis, une section a été créée au sein du site de Meyzieu. Avec les élections qui arrivent en avril, nous espérons asseoir le poids de FO. Pour les salariés, cette victoire salariale est un signe en notre faveur : nous avons accompagné la mobilisation ainsi qu’ils nous le demandaient. Nous voulons être un syndicat proche des gens, à l’écoute.

Arrivé à Orangina il y a huit ans, Youen Le Noxaïc a vu le groupe changer. Lorsque je suis arrivé à La Courneuve, c’était un retour en arrière dans les années 80. Depuis, Suntory a investi plus de 10 millions d’euros dans les sites, ce qui a bien modernisé l’usine ! Le militant reconnaît que les conditions de salaires sont avantageuses, surtout comparé à d’autres groupes concurrents. Le changement s’est aussi opéré parmi les salariés plus jeunes et prêts à se battre pour leurs salaires et leurs conditions de travail.

Chloé Bouvier

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération