Orne : troisième semaine de grève illimitée chez Amcor

Emploi et salaires par Clarisse Josselin

L’usine Amcor d’Argentan, spécialisée dans l’emballage alimentaire, doit fermer avant l’été. Les salariés, qui exigent de meilleures conditions de licenciement, ont cessé le travail depuis le 21 mars à l’appel d’une intersyndicale FO-CGT. Depuis le 28 mars, le bras de fer se déroule aussi sur le terrain judiciaire.

Le 4 avril, la quasi-totalité des 86 salariés de l’usine Amcor d’Argentan (Orne) ont entamé leur troisième semaine de grève illimitée, à l’appel d’une intersyndicale FO-CGT. Jour et nuit, ils se relaient pour bloquer l’usine, qui fabrique des films de protection pour le jambon et le fromage.

Le géant australien de l’emballage flexible, qui emploie plus de 30 000 personnes dans 43 pays, a annoncé, début février, la fermeture du site en juin prochain. Ça a été un choc, raconte Jérôme Chapé, délégué central FO. On nous reproche d’avoir perdu 9 millions d’euros en cinq ans, mais le groupe gagne beaucoup d’argent, il a réalisé près de 700 millions d’euros de bénéfices l’an dernier. Le groupe va aller produire ailleurs, probablement dans le sud de l’Europe.

La négociation du plan social bloque depuis le 22 mars sur la question des indemnités supra-légales de licenciement. La direction propose 5 mois de salaire à partir de 20 ans d’ancienneté et 6 mois pour les plus bas salaires, dénonce le délégué FO. Nous avons demandé un talon de 90 000 euros pour tous jusqu’à 20 ans d’ancienneté et 1 000 euros par année d’ancienneté au-delà. On attend toujours une réponse.

Tentative de déménagement des stocks

Le 28 mars, la tension est montée d’un cran, et le conflit s’est porté sur le terrain judiciaire, lorsque la direction a tenté de vider l’usine. En arrivant à 7 heures le matin, j’ai appris que les bobines de matière première et de produits semi-finis avaient été emballées, étiquetées, et réparties entre différents camions, poursuit Jérôme Chapé. On a alerté notre avocate, Me Elise Brand, qui a alerté le procureur. Une plainte a été déposée au pénal.

Cinq semi-remorques immatriculés en Belgique, en Lituanie et au Portugal sont arrivés en début d’après-midi. Les grévistes se sont opposés au chargement. Des constats d’huissiers ont été réalisés. Le procureur a demandé une enquête du commissariat et de la Direction du travail, selon le quotidien Ouest France. Après une nuit d’attente, les camions sont repartis à vide.

Deux élus du personnel assignés en référé

Le 30 mars, une réunion était prévue en préfecture pour négocier un accord de fin de conflit. Non seulement le dialogue n’a pas repris, mais la direction a assigné en référé le secrétaire du CHSCT et le trésorier du CE, élu FO, pour des questions de sécurité lors du blocage de l’usine. L’audience a eu lieu de 3 avril au tribunal de grande instance d’Argentan. Le délibéré sera rendu le 5 avril. Les représentants du personnel y voient une tentative de déstabilisation.

Le 3 avril dans l’après-midi, une nouvelle réunion de négociation avec la direction a échoué. C’est toujours le même discours, avant de discuter, la direction veut qu’on reprenne d’abord le travail. Sinon, elle nous promet des indemnités au raz des pâquerettes. Mais on n’a plus rien à perdre, en juin on aura plus de boulot, et on veut sortir dignes, prévient Jérôme Chapé. Les salariés ne sont pas près de baisser les bras. Dans toute son histoire l’usine, fondée en 1961, n’avait connu que deux jours de grève.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante