Panama porte-t-il le chapeau de papier ?

Revue de presse par Michel Pourcelot

Depuis le 3 avril, la presse se nourrit de l’affaire des « Panama papers », soit la révélation concertée par une centaine de journaux dans le monde d’une importante masse de documents provenant d’un cabinet panaméen spécialisé entre autres dans les combinaisons off-shore et concernant nombre de pays et de personnalités.

Le Monde
Panama papers ? « 11 millions de fichiers provenant des archives du cabinet panaméen Mossack Fonseca, spécialiste de la domiciliation de sociétés offshore. Les données, qui constituent le plus gros "leak" de l’histoire, s’étalent de 1977 à 2015. Elles révèlent que des chefs d’État, des milliardaires, des grands patrons, des figures du sport, de la culture, de l’économie recourent, avec l’aide de certaines banques, à des montages de sociétés afin de dissimuler leurs avoirs ». « Laissez parler / Les p’tits papiers » avait écrit feu Gainsbourg, qui, depuis, réside au paradis tout court...

L’Obs
Et cela tire dans tous les coins : « Les "Panama Papers" et leur cortège de révélations embarrassantes ont connu un nouveau rebondissement mercredi avec une perquisition menée au siège de l’UEFA, alors que les grands pays affichent leur volonté de combattre l’opacité fiscale, et surtout de mettre au pas le mouton noir, le Panama ». Et les moutons gris derrière le bouc-émissaire ?

Marianne
Le Panama porte-t-il le chapeau ? Le ministre panaméen de l’Economie et des Finances avait pourtant été « reçu, à Bercy, le 16 février dernier. Le lendemain commençait, au siège de l’OCDE à Paris, l’assemblée plénière du Groupe d’action financière (GAFI), un organisme intergouvernemental de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, créé par le G7 en 1989 et dont la France fait partie. Et qu’a fait le GAFI à cette occasion-là ? Loin de remonter les bretelles du Panama, il l’a… "félicité" pour "les progrès significatifs réalisés", annonçant que le pays ne figurerait plus sur sa liste grise. De quoi faire se pavaner le Panama ». Une courte danse : « Quatre ans jour pour jour après que la France l’en a retiré, le ministre des Finances Michel Sapin a annoncé ce mardi 5 avril que la petite république d’Amérique centrale allait être réinscrite sur la liste française "des États et territoires non-coopératifs (ETNC) en matière fiscale". Le moins qu’on puisse dire, au vu des révélations des Panama Papers »… Il n’aura pas été blanchi très longtemps.

Le Figaro
Un blanc de toute façon pas très net : « La Commission européenne l’a intégré dans une liste de 30 paradis fiscaux en présentant en juin 2015 son plan de lutte contre l’évasion fiscale des multinationales. Mais le GAFI, institution internationale luttant contre le blanchiment, l’avait retiré de sa liste grise début 2016 ». Dans la nuit des affaires, le gris a parfois des nuances...

Le Monde
La tête près du bonnet blanc, le Panama, faisant grise mine, a « annoncé mardi qu’il envisageait des représailles économiques contre la France [...]. "Au Panama, il existe une loi qui prévoit des mesures de rétorsion contre les pays qui incluraient le Panama sur les listes grises", a déclaré lors d’une conférence de presse le directeur de cabinet de la présidence ». En gris ou en noir, l’Arlésienne danse sous les tropiques propices aux paradis...

Paris Match
Les seules tropiques ? Pour Dominique Plihon, économiste et porte-parole d’Attac, « ce qui est intéressant, c’est que la France avait exclu le Panama de sa liste de paradis fiscaux (le gouvernement a annoncé mardi que cet État y figurerait de nouveau, ndlr). Cela montre à quel point le gouvernement n’est pas sérieux : Jersey ou le Luxembourg, eux aussi, ont été retirés de cette liste des "territoires non coopératifs". Or, malgré les scandales récents, Lux Leaks, notamment, ces paradis fiscaux continuent d’organiser la fraude fiscale ». Optimisation fiscale en deçà des tropiques...

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante