Paradis fiscaux : 47 nuances de gris

Revue de presse par Michel Pourcelot

La « liste noire » des 17 paradis fiscaux dans le monde, adoptée par les ministres des Finances des 28 États de l’Union européenne, a été dévoilée le 5 décembre. Une « liste grise » comprend 47 pays sous surveillance. Cette publication a provoqué une vague de scepticisme dont la presse s’est faite l’écho. Aperçus.

Les Echos
C’est l’issue d’un long feuilleton, où l’intérêt commun s’est longtemps heurté aux calculs nationaux dans un intense ping-pong entre Bruxelles et les États. Heurté ou a été finalement mis de côté ? Car tout semble se jouer quand le dossier entre dans la dernière ligne droite. Signe que les choses deviennent vraiment sérieuses, le processus se fait opaque. Le Code de conduite, un groupe d’experts rattachés au Conseil, prend la main et, comme à son habitude, cultive le secret : pas de conférence de presse, pas de communiqué, pas de minutes de ces réunions. C’est là, dans cette arrière-cuisine fiscale de Bruxelles, que va se jouer la préparation de la liste finale.

Libération
Où brillent par leur absence plusieurs pays de l’UE, comme l’Irlande, Malte, les Pays-Bas, le Luxembourg et Chypre, que beaucoup considèrent comme des paradis fiscaux. Mais le vote à l’unanimité impliquait qu’un pays accepte d’être inclus dans la liste noire. Inimaginable. D’autant que le Conseil européen n’est pas du genre à s’autoflageller. De toute façon, comme le commissaire Moscovici l’affirme : Il n’y a pas de paradis fiscaux au sein de l’Union européenne. Tout juste quelques pays dont la législation ou les pratiques sont trop favorables à l’optimisation fiscale agressive. On a connu le commissaire européen aux Affaires économiques et financières moins clément.

La Tribune
Au final, 17 pays sur la liste noire de l’Union européenne, mais... aucun État membre n’y figure, alors que Malte et les Pays-Bas sont au cœur des dernières révélations des Paradise Papers. Bruxelles n’a pas non plus défini les sanctions qui seront appliquées aux 17 juridictions inscrites sur sa liste noire. Que va donc faire le Père Fouettard pour soumettre ces, officiellement, « juridictions non coopératives » ?

Marianne
Quelques uns ont échappé à l’humiliation publique car certains pays de l’Union ont plaidé la cause de juridictions amies. Exit donc certains territoires d’outre-mer français (Nouvelle-Calédonie) et danois (Groenland et îles Féroé) comme les dépendances de la couronne britannique (Jersey, Bermudes, îles Caïmans), tous présents dans la liste noire d’Oxfam. Les derniers repêchés sont les pays candidats à l’entrée dans l’Union Européenne : l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine et enfin la Serbie.

Sud-Ouest
En effet, A cette première liste noire, s’ajoutent 47 autres États classés sur une liste grise, c’est à dire, qu’ils ont pris des engagements mais qu’ils doivent encore faire leurs preuves, explique-t-on à Bruxelles. Le Maroc et le Cap Vert par exemple auraient pu se retrouver sur la liste noire, mais après des discussions en matinée, ils sont sur la liste grise. On peut supposer que ces négociations furent « hard ».

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante

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