« Paradise papers » : l’enfer c’est pour les autres

Revue de presse par Michel Pourcelot

Les paradis fiscaux ont émergé une nouvelle fois à la une des médias avec le début de la publication des « Paradise papers », le 5 novembre, amenant son lot de révélations sur les adeptes de l’optimisation fiscale. Aperçus.

Les Échos
Après la reine Elisabeth II, le ministre américain du Commerce Wilbur Ross et l’équipementier sportif Nike, c’est au tour des Français Jean-Jacques Annaud, Bernard Arnault et Xavier Niel et du Britannique Lord Ashcroft d’être cités dans cette vaste enquête menée par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). Dans son édition de jeudi, Le Monde affirme ainsi que Bernard Arnault, à la tête du numéro 1 mondial du luxe LVMH (propriétaire des Échos), aurait fait appel à au moins 8 cabinets de conseil différents pour localiser ses actifs dans 6 paradis fiscaux différents. Tous les actifs évoqués dans cet article ont été constitués de manière parfaitement légale et sont naturellement connus des autorités fiscales, a réagi Bernard Arnault. Mais c’est peut-être là justement le problème.

La Tribune
Si les îles restent en vogue, il est des contrées apparemment moins paradisiaques qui figurent au nombre des paradis : Le terme de paradis fiscal renvoie souvent, dans l’imaginaire collectif, aux îles paradisiaques, des Bahamas aux Caïmans. Pourtant, les multinationales n’ont pas besoin de placer leur argent sous le soleil et à des milliers de kilomètres pour optimiser leurs impôts. En Europe, l’Irlande et le Luxembourg sont souvent pointés du doigt (...). En revanche, il est un autre pays du Vieux Continent, beaucoup moins cité, mais tout aussi conciliant avec l’évasion fiscale : les Pays-Bas, dont le rôle est mis en avant dans les révélations récentes des Paradise Papers. Proche mais ce n’est pas pour autant qu’on ira tous au paradis.

Marianne
L’évasion et l’optimisation fiscales endommagent gravement les finances publiques et pèsent sur l’intérêt général. Pourtant, les mesures nécessaires à la lutte contre ce fléau n’ont jamais été prises. (...) L’évasion fiscale me révolte. Mine grave, ton solennel, Bruno Le Maire vitupère ce lundi 6 novembre à la tribune de l’Assemblée nationale contre la gigantesque entreprise d’évitement de l’impôt mise en place par les multinationales et les plus grandes fortunes. Mais c’est l’évasion fiscale que visait le ministre et non pas l’optimisation fiscale.

Ouest France
Le Medef, lui, s’insurge mercredi contre l’affaire des Paradise Papers, faussant la concurrence entre entreprises, notamment pour les plus petits d’entre elles. L’organisation patronale souligne toutefois que le poids excessif des prélèvements dans certains pays encourage selon elle ces pratiques. Et la légèreté excessive de certains pays ? L’organisation patronale a également souligné qu’il était normal que les entreprises s’acquittent de l’impôt et des taxes dans le pays où elles exercent leurs activités, ce qui permet de financer les fonctions régaliennes et les infrastructures qui sont utilisées par les entreprises. Mais pas plus, sinon c’est l’enfer...

Lyon Magazine
De son côté, un député de la majorité explique que quand on est chef d’entreprise, il y a des règles et il faut jouer avec. On n’est pas dans la morale. Parce qu’au nom de la morale on a fait beaucoup de bêtises. Comme abolir l’esclavage ? L’élu du Rhône, chevalier de la Légion d’honneur, souligne également que la notion de paradis fiscal est légale. Il y a une liste de paradis fiscaux où l’on fait de l’optimisation fiscale rendue possible par des règles de droit, mais pas forcément des règles de la morale. Il n’y aurait donc pas de morale à cette histoire.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante