Paris Bruxelles : je t’aime, moi non plus

Revue de presse par Michel Pourcelot

La Commission européenne a pour finir avalisé le projet de budget de la France pour 2015 après plusieurs semaines d’échanges de répliques avec le gouvernement français largement retransmises sur la scène médiatique.

Corse-Matin
Avec une rare intensité dramatique, le drame se noue : « En vertu de prérogatives renforcées à la faveur de la crise, la Commission peut demander à un État membre de revoir sa copie s’il constate des dérapages sévères dans son budget. Cette arme n’a encore jamais été utilisée. Ce scénario humiliant planait depuis des semaines ». Un suspense insoutenable.

Le Monde
L’héroïsme est de mise : « La France ne modifiera pas son projet de budget pour 2015 avant sa transmission, mercredi 15 octobre, à la Commission européenne. Le ministre des finances, Michel Sapin, l’a redit clairement dans un entretien aux Echos du 14 octobre ». Un beau rôle.

Challenges
Face à ces amours contrariés, déclarations et promesses s’ensuivent. Le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, dans le rôle de l’amoureux transi, donne des gages : « six mois pour "inverser la courbe du doute" et "poursuivre et intensifier les réformes". Au menu, une grande loi de libération de la croissance mêlant déréglementation des professions protégées, simplifications administratives, "modernisation" du marché du travail. » Quand on aime, on compte.

Le Point
Il ne manque même pas les déchirements familiaux et les faux-frères d’armes : « L’ancien ministre des Finances Pierre Moscovici, tout juste investi commissaire aux Affaires économiques et monétaires, l’a subrepticement rappelé mardi, lors de la présentation des prévisions économiques d’automne de la Commission : ni François Hollande ni Mateo Renzi n’ont obtenu la reconnaissance de circonstances [économiques] exceptionnelles »

Les Echos
Et puis, au dernier acte, l’ultime rebondissement : « Il était moins une ! Sous la menace d’un bras de fer avec la commission européenne sur son projet de budget pour 2015, la France a corrigé le tir in extremis. Alors que Bruxelles doit rendre son avis sur le texte mercredi, le ministre des Finances, Michel Sapin a envoyé ce lundi un courrier à la Commission dans lequel il met en avant la révision d’"un certain nombre" d’"estimations", et évoque de nouvelles recettes issues de la lutte contre la fraude et l’optimisation fiscale ». Des milliards sortis du placard et l’happy end. Leurs rapports optimisés, les mariés renouvellent leur union et leur fidélité au dogme. Les balcons applaudissent, mais pas le parterre.

Ouest-France
« Les gages donnés par la France à Bruxelles semblaient pourtant bien maigres, puisque les économies promises ne sont que de quelques milliards. Pour Nicolas Barré, le directeur de la rédaction des Échos, le gouvernement est revenu dans les clous de Bruxelles grâce à des mesurettes dont la durée des effets est très incertaine. Qu’il s’agisse de la baisse des taux, qui fait que la dette coûte moins chère, ou de la lutte contre la fraude fiscale, dont on ne peut savoir ce qu’elle va rapporter ». The show must go on...

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante

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