Pascal Pavageau, Secrétaire Général de FO : « La démocratie a besoin que nos interlocuteurs sociaux soient forts »

Le Point le 17 juillet 2018 par Pascal Pavageau

« Emmanuel Macron recevait ensemble, ce mardi, les différentes organisations syndicales. Le secrétaire général de FO se dit satisfait, au moins sur la forme. » Le Point

Le Point : Pour la première fois, l’exécutif a accepté d’échanger avec l’ensemble des organisations syndicales. Que retenez-vous de cette discussion ?

Pascal Pavageau : Plusieurs points positifs. D’abord, cela faisait trois mois que nous demandions une réunion entre l’exécutif et les huit organisations syndicales, et celle-ci a finalement eu lieu. Nous avons pu avoir trois heures entières de discussion, ce qui est déjà une avancée. Ensuite, préalablement à cette rencontre, j’avais indiqué qu’il n’était pas question de “signer un contrat social”, comme l’avait indiqué le président, mais de parler du modèle social, et c’est bien ce qui s’est passé. Nous avons débattu du modèle et indiqué quelles étaient nos attentes. Enfin, j’avais demandé qu’il y ait un avant et un après-17 juillet sur la méthode afin que nous puissions revenir à la démocratie sociale et à la reconnaissance du rôle des acteurs sociaux, c’est ce qui semble se profiler. Le président a affirmé qu’il allait désormais plus associer les acteurs sociaux à l’ensemble des sujets. Il nous a indiqué que nous serions reçus dès septembre par le Premier ministre pour parler de l’assurance chômage. Il s’est engagé à ce que la note de cadrage soit réalisée avec les organisations syndicales. Sans procès d’intention et sans trop d’optimisme, on s’achemine, sur la forme, vers un retour à la démocratie sociale.

Vous semblez confiant quant au changement de méthode. Qu’en est-il du contenu de la politique sociale ?

Sur le fond, par contre, rien ne va changer. Les points de désaccord majeurs sur le plan social demeurent. Le sens des réformes reste sur l’individualisation et la casse des droits collectifs. Le président n’a pas dit qu’il renonçait à ses réformes, ou revenait sur les ordonnances, ou sur l’abandon du statut de cheminot… Mais si le dialogue est renoué, les choses iront moins vite, les organisations syndicales pourront plus peser dans le débat, nous serons plus écoutés, certaines de nos propositions seront sans doute retenues et peut-être que l’exécutif renoncera à certaines réformes devant nos arguments.

Quels seront les principaux points de crispation de la rentrée ?

Il y en aura plein. D’abord, il faut voir ce que le gouvernement compte mettre dans le plan pauvreté, nous sommes encore trop dans le flou pour nous prononcer. Ou si on nous demande de diminuer les droits des demandeurs d’emploi, ou de les conditionner de telle sorte qu’ils doivent accepter n’importe quel travail, cela ne va pas le faire… Sur la forme, le changement va dans le bon sens. Va-t-il permettre un réajustement sur le fond ? Nous allons essayer de peser dans la balance pour que cela soit le cas. Mais le président a conclu une chose avec laquelle nous sommes d’accord : la démocratie a besoin que nos interlocuteurs sociaux soient forts.

Cela est-il synonyme d’une nouvelle unité syndicale ?

Aujourd’hui, le gouvernement doit faire avec nous tous. Aucune avancée n’a jamais eu lieu sans l’intervention des organisations sociales, quelles qu’elles soient, et l’exécutif le sait : il ne peut rien faire sans nous. Il a atteint ses limites dans le « je marche seul ». Nous avons réussi à nous voir tous les huit (organisations syndicales, NDLR) le 11 juillet, c’est le signe que nous pouvons travailler ensemble. Et je pense que cela a fait pression sur le gouvernement pour nous réintégrer. Après, il n’y aura certainement pas un axe entre FO et le Medef, mais sur la nécessité de redonner leur force aux interlocuteurs sociaux, nous sommes tous d’accord.

 

Propos recueillis par Marylou Magal

 Voir en ligne  : Le Point : interview de Pascal Pavageau

Pascal Pavageau Ex-Secrétaire général de Force Ouvrière