Pénitentiaire : les agents toujours sans réponses statutaires et salariales

Services publics par Valérie Forgeront

Blocage de la prison des Baumettes par les surveillants après l’attaque d’un détenu sur deux gardiens à la prison de Condé-sur-Sarthe le 5 mars 2019. © Ian HANNING/REA

Les agents de surveillance de la pénitentiaire restent mobilisés. Alors que ces fonctionnaires revendiquent toujours des mesures de sécurité et des mesures statutaires et salariales -ce qui traduirait entre autres la reconnaissance par l’État de leur mission difficile-, le ministère de la Justice qui prétend vouloir rendre attractifs les métiers de la pénitentiaire n’apporte toujours pas de réponse à la hauteur des demandes.

Pour le syndicat FO des personnels de surveillance (SNP-FO), il n’est pas question de baisser la garde. FO qui est devenue la première organisation syndicale dans la pénitentiaire depuis les élections professionnelles du 6 décembre 2018 dans la Fonction publique (l’UFAP-Unsa a ainsi perdu sa position de leader) maintient plus que jamais ses revendications.

Des revendications qui avaient été transmises déjà, en direct, en décembre dernier à la ministre de la Justice, Mme Nicole Belloubet. Celle-ci, notait alors le secrétaire général du SNP-FO, Emmanuel Baudin, semblait entendre les demandes. Restait toutefois à répondre aux revendications…

Sans réponse rapide FO repartira au combat prévenait alors le SNP-FO. Ce fut le cas. Les agents (quelque 28 000 surveillants au 1er janvier 2018) attendent toujours en effet de vraies réponses ministérielles, y compris depuis le mouvement massif de blocage des établissements pénitentiaires qui a eu lieu en mars dernier.

Le protocole de janvier 2018 n’a rien réglé

Certains jours une centaine d’établissements étaient bloqués. Ce mouvement avait débuté à la suite de l’agression par un détenu le 5 mars à la prison de Condé sur Sarthe de deux surveillants, grièvement blessés. Dans des établissements souffrant de surpopulation (en moyenne annuelle 69 000 détenus soit un taux d’occupation de 116% des établissements) et selon les chiffres mêmes du ministère de la Justice, il y a eu neuf prises d’otages, 588 mouvements de détenus et 4 314 agressions de surveillants en 2018.

Ces récentes actions de protestation des surveillants viennent un an après la signature le 26 janvier 2018 (par l’UFAP-Unsa alors syndicat majoritaire) d’un relevé de conclusion, non paraphé par FO (et la CGT) et qui était censé mettre un terme à un long conflit et répondre aux revendications.

Or, si ce protocole a acté la création d’un millier de postes sur quatre ans (2018-2021) et quelques mesures indemnitaires tout le monde sait que le relevé de conclusions signé à la suite du mouvement historique de janvier 2018 n’a en rien répondu à l’absolue nécessité… d’entendre les demandes des agents en matière de sécurité, de salaire et de statut soulignait le syndicat FO le 18 mars lors d’un comité technique de l’administration pénitentiaire. Quant aux personnels techniques et administratifs (quelque 6 000 agents) ils sont les grands oubliés du relevé de conclusion s’insurgeait FO.

Des propositions en forme d’insulte aux agents

Que demandent les agents de la pénitentiaire ? FO, qui avait transmis une nouvelle fois ses demandes en décembre à la garde des Sceaux, revendique toujours des mesures de sécurité (classification des établissements, brigades cynotechniques, amélioration des équipements pour les agents…) mais aussi statutaires. Cela d’autant plus que le secteur souffre d’une absence d’attractivité en ce domaine.

Le SNP-FO demande ainsi une fusion des grades (de surveillant et surveillant brigadier, de 1er surveillant et major, de lieutenant et capitaine) mais aussi le passage de tous les officiers de surveillance en catégorie A et le passage des agents du CEA (corps d’encadrement et d’application) en catégorie B. FO revendique aussi le paiement des heures supplémentaires en catégorie B pour tous les surveillants, les surveillants-brigadiers, les 1ers surveillants et les majors.

Le ministère entend-il enfin ces revendications ? Pour l’instant, non semble-t-il. Ainsi le 14 mars dernier, la ministre a fait part de propositions aux syndicats et prôné la mise en place de discussions, de groupes de travail, d’expérimentations... FO a dit non à des mesures jugées insuffisantes, qui ne mesurent pas l’urgence de la situation et qui représentent une insulte faite aux personnels.

A titre d’exemple s’irrite FO le ministère propose une augmentation de l’ISS (indemnités de sujétions spéciales) à 28,5% du salaire brut en 2022 soit seulement 0,5% en plus que ce que prévoyait le protocole de janvier 2018, ce qui équivaudrait à un « gain » pour le moins minime de sept euros bruts par mois pour les agents en début de carrière s’irrite le SNP-FO.

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante

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