Et voilà que l’insertion professionnelle des jeunes marque le pas ! Selon une note publiée le 27 mars par l’Insee, le taux d’emploi des 15-24 ans (au sens du Bureau international du travail) a reculé en 2024 de 0,6% sur un an, pour s’établir à 34,4%. Inquiétant, ce recul s’accompagne d’une hausse du taux de chômage, porté en 2024 à 18,8 % des jeunes actifs (+ 1,5 %), alors qu’il régresse dans les autres tranches d’âge ! Est-ce le début d’un retournement de tendance ? On peut se le demander après l’embellie constatée entre 2017 et 2023 sur le front de l’insertion des 15-24 ans, en raison notamment de l’essor de l’alternance. Sur cette période, malgré la pandémie, le taux d’emploi des jeunes a augmenté de six points, jusqu’à atteindre 35,2 % en 2023, soit son niveau le plus élevé… depuis 1990. En clair, ces années 2017-2023 ont été une rupture, en comparaison des quinze ans précédents où le taux de chômage des 15-24 ans a quasiment augmenté en continu.
Ce recul 2024 du taux d’emploi est d’autant plus inquiétant que l’embellie d’hier ne s’est pas accompagnée d’une réduction des inégalités dans l’accès à l’emploi. Celles-ci persistent, constate la Cour des comptes dans son rapport public annuel 2025. Elle pointe la part restée élevée des jeunes ni en emploi ni en études ni en formation
(10,5 % en 2023). Elle rappelle combien l’accès à l’emploi demeure très dépendant du niveau de diplôme. Elle déplore des inégalités territoriales toujours marquées, dans les Outre-mer, les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Quant au recul de la précarité d’emploi pendant l’embellie, il est apparent, appuie-t-elle : si la part des CDD et de l’intérim a diminué sur la période (- 8 points), l’essor de l’alternance (+ 6 points) l’explique. Dans les faits, les jeunes restent abonnés aux contrats courts : en 2023, 6,6 % étaient en CDD de moins de trois mois, contre 2 % dans toute la population.
Redéfinir un cadre stratégique général
Et la situation s’aggrave selon l’Insee : en 2024, la part des jeunes en CDD de moins de trois mois est passée à 7,1 % (+ 0,5 point). La « photographie » Insee de l’emploi des 15-24 ans confirme leur parcours du combattant : ils sont en CDI bien plus rarement que leurs aînés (41,6 % le sont, contre 76,1 % des 25 ans ou plus). Ils sont plus souvent en CDD ou en intérim (à 23,8 %, contre 9,1 % des 25-49 ans), à temps partiel (22 %), plus concernés par le sous-emploi. Globalement moins diplômés que la population, 63 % sont ouvriers ou employés et 29,2 % suivent un cursus professionnalisant, en alternance ou en stage. Face à ce constat qui interroge l’efficience des politiques publiques menées (création du contrat d’engagement jeune, réforme des aides à l’alternance, modification de l’organisation du service public de l’emploi, etc.), la Cour des comptes appelle l’État à redéfinir un cadre stratégique général
, et à mieux cibler ses dépenses pour l’accompagnement, la formation, les aides à l’embauche d’apprentis. Lesquelles ont plus que doublé entre 2017 et 2023, à 7,3 milliards d’euros. Clairement, elle conseille de prioriser les publics les plus éloignés de l’emploi, s’étonnant que cela n’ait pas été fait quand la conjoncture était bonne. C’est dire l’urgence à agir, alors que celle-ci se détériore.