Peugeot Japy : une reprise assombrie par la suppression de 92 postes

InFO militante par Elie Hiesse, L’inFO militante

Le tribunal de commerce de Paris a choisi la société F2J pour reprendre l’équipementier de Valentigney (Doubs) en liquidation judiciaire. Elle s’est engagée à préserver 144 emplois sur un effectif de 236.

Le sort de l’équipementier Peugeot Japy est désormais entre les mains de F2J. Le tribunal de commerce de Paris a choisi, mercredi 30 septembre, avec effet dès minuit, l’offre de reprise présentée par la société de mécanique et de sous-traitance automobile basée à Chaumont (Haute-Marne).

L’offre la mieux-disante socialement

Évidemment, le soulagement prévaut dans l’usine de Valentigney (Doubs), qui voit se clore trois mois de pleines incertitudes depuis la mise en redressement judiciaire prononcée fin juin. Mais il est obscurci par la réduction drastique attendue de plus d’un tiers des effectifs : F2J s’est engagée à préserver 144 emplois sur 236 actuels. 92 postes vont disparaître.

Dans ce contexte, notre soulagement ne peut être qu’en demi-teinte, résume Marc Sivric, délégué FO, prévenu par un SMS de l’administrateur judiciaire sitôt annoncée la décision du tribunal.

Le représentant de FO, premier syndicat chez le fabricant d’éléments de boîtes de vitesse, se félicite néanmoins que le tribunal ait privilégié l’offre la mieux-disante socialement, en termes d’emplois préservés et de maintien de tous les accords collectifs.

A ce titre, elle avait reçu un avis favorable de l’intersyndicale FO-CFDT. L’autre offre en lice (sur quatre initialement déposées), soumise par un ex-dirigeant de Peugeot Japy, prévoyait de conserver 115 salariés.

PSE : FO juge les mesures insuffisantes

La décision du tribunal a été présentée ce 1er octobre après-midi aux représentants du personnel lors d’un CSE (comité social et économique), également chargé de se prononcer sur les mesures du plan social.

En l’absence d’accord avec les syndicats, celui-ci a été élaboré de façon unilatérale. FO a refusé de signer, car les mesures sont insuffisantes. Mais l’administration du travail peut améliorer le contenu de ce plan, en refusant simplement de l’homologuer, commente Marc Sivric.

La totalité des mesures additionnelles au CSP (contrat de sécurisation professionnelle), qui sera proposé aux salariés licenciés, représentent une enveloppe de 270 000 euros. A ce jour, une quarantaine de salariés seraient volontaires pour partir dans le cadre des mesures d’âge ou d’accompagnement à la reconversion professionnelle.

L’appel à PSA

Mais FO formule encore l’espoir d’améliorer le contenu du plan. Les licenciements s’expliquent, en partie, par la baisse du volume de commandes de PSA, désormais notre unique client, précise Marc Sivric qui appelle PSA à assumer ses responsabilités envers Peugeot Japy, en abondant le plan social.

Le constructeur, dont le contrat avec Peugeot-Japy arrivait à échéance en avril 2021, s’est finalement engagé, durant la procédure, sur un volume de commandes de 24 à 25 millions d’euros par an, pendant cinq ans.

Ce faisant, il assure la survie immédiate de l’équipementier, dont il est resté le seul débouché suite à la perte de ses marchés avec General Motors puis avec l’équipementier Bosch en raison, selon les syndicats, d’erreurs de gestion du propriétaire depuis 2018, le groupe de forges et fonderies Farinia.

Décisif pour Peugeot Japy, qui a vu en deux ans son chiffre d’affaires divisé par trois et ses effectifs fondre de plus de moitié (de 500 à 236 salariés), le réengagement de PSA n’en reste pas moins inférieur à ce qu’il commandait habituellement. En 2020, l’usine de Valentigney aura fourni les usines PSA de Valenciennes (Nord), de Metz-Trémery (Moselle) et le site Opel d’Aspen, en Autriche, pour un volume d’éléments de boîte de vitesse équivalant à 30 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Elie Hiesse Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

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