Le duo ministériel Philippe/Buzyn était chargé d’annoncer ce matin un nouveau plan d’urgence pour l’hôpital, afin d’essayer de déminer la crise et les tensions sociales à l’hôpital et d’éviter la convergence des luttes le 5 décembre.
Les attentes étaient importantes après plusieurs mois de grèves sur
l’ensemble du territoire.
Sur les mesures salariales, ce gouvernement a fait des annonces fortement ciblées sur les médecins, alors que ceux-ci ne sont entrés en résistance que depuis peu.
Concernant tous les autres personnels, c’est, pour FO, du saupoudrage et
sur une partie des soignants exclusivement :
– Une prime de 800 € net/an pour les seuls infirmiers et aides- soignants vivant à Paris et en petite couronne ;
– Une prime annuelle au mérite de 300 €/an qui pourrait bénéficier aux
seuls professionnels de santé ;
– Une revalorisation de la prime d’engagement dans la carrière hospitalière ;
– Une prime de 100 €, sous conditions, aux aides-soignants qui exercent en Ehpad.
Ce plan d’« urgence » se réduit donc à quelques mesurettes pour quelques-uns et rien pour les autres. Pour la Fédération FO des personnels des Services Publics et des Services de Santé, le gouvernement met de l’huile sur le feu, mais les grèves et manifestations dans les Ehpad et hôpitaux depuis des mois méritent mieux que cette indigence salariale illustrant le mépris de ce gouvernement.
La Fédération FO SPS dénonce l’absence totale de mesures générales pour l’ensemble des catégories de personnels Administratifs, Ouvriers et Techniques, et de toute la filière soignante. Plutôt que d’apaiser les tensions au sein des établissements sanitaires et médico-sociaux, ces annonces vont cliver les hospitaliers et affaiblir la cohésion des personnels, qui participent tous à la prise en charge des usagers.
Si ce gouvernement semble vouloir changer les modalités de fonctionnement budgétaire et l’étau financier qui pèsent depuis des années sur l’hôpital public, il n’a pas modifié sa feuille de route concernant sa politique hospitalière.
En effet, et à y regarder de plus près, le gouvernement a confirmé le
maintien et même l’accélération de sa réforme de transformation du
système de santé « Ma santé 2022 » pour escompter régler les maux de l’hôpital, alors même que cette contre-réforme supprimera des établissements, des services, des lits et des personnels.
Coté financement, le gouvernement indique relever l’ONDAM Hospitalier de 2,1% à 2,45 % pour 2020, mais au regard d’un ONDAM à 2,3 % en 2019 (soit une progression de seulement 0,15 %) cela reste très insuffisant face aux besoins constatés dans l’ensemble des hôpitaux.
Au total, ce sont 1,5 milliard de plus en 3 ans, mais si on défalque les 750 M€ du plan de refondation des urgences, il ne reste plus que 750 M€ et donc 250M€ de plus par an !
Pour rappel, la Cour des Comptes précise que pour faire face aux dépenses et augmentations structurelles, c’est un ONDAM à 4,4 % qui est nécessaire soit 4 milliards d’€ par an et non pas 250 M€ par an ! Les moyens alloués par ce plan sont donc très largement insuffisants et ne règleront pas les maux de l’hôpital.
Quant à la reprise partielle de la dette de certains hôpitaux (10 milliards sur 30), les questions sont nombreuses en particulier sur les critères, les exigences et la forme de cette opération comptable. Qui seront les gagnants et les perdants, mais surtout à quelles conditions ? FO refuse d’ores et déjà que les personnels soient à nouveau pris en otage des futures restructurations exigées par le Ministère et les ARS, tant au niveau des suppressions de postes et de lits, que de la mobilité forcée et de la précarisation de l’emploi avec les contrats de mission.
La Fédération FO des Personnels des Services Publics et des Services de Santé revendique entre autres :
– L’augmentation générale immédiate des salaires à hauteur de 16 % de la valeur du point d’indice pour rattraper la perte du pouvoir d’achat depuis 2000, soit 300 € pour tous ;
– La défense de notre régime de retraite (CNRACL), le maintien du Code des pensions civiles et militaires et de tous les régimes particuliers ;
– L’abandon du projet de régime de retraite dit universel par points ;
– L’abrogation immédiate des lois dites de « transformation de la fonction publique » et « Ma santé 2022 » ;
– La défense du service public de proximité et pour cela le maintien des
emplois publics et d’en recruter là où c’est nécessaire ;
– La défense et l’amélioration du statut général des fonctionnaires garant de l’égalité de traitement des usagers ;
– L’arrêt des fermetures de lits et de services.
Dans ces conditions, FO appelle tous les agents avec ses syndicats à se mobiliser, à partir du 5 décembre, pour obtenir un vrai plan Marshall pour l’hôpital avec une véritable reconnaissance salariale pour tous, des effectifs à la hauteur des besoins, et défendre notre régime de retraite.