Plan Juncker : 315 milliards... où ça ?

Relance par Evelyne Salamero

Plutôt spéculation... Le plan de la Commission européenne n’est qu’un montage financier des plus incertains.

Focus : Pour la CES, il faudra bien davantage pour relancer l’économie
« Je doute que les 21 milliards d’euros de M. Juncker suffisent à lever les 315 milliards d’euros espérés. La Commission européenne semble compter sur un miracle financier, comme celui de la multiplication des pains », a déclaré la Secrétaire générale de la CES (Confédération européenne des syndicats), Bernadette Ségol. Il est inutile de s’attendre à un impact positif sur la croissance ou le chômage, estime la CES qui appelle « avec insistance » les gouvernements à accentuer leurs efforts d’investissements.

Le président de la Commission européenne, M. Juncker, a présenté, le 26 novembre, un plan qui permettrait de réaliser 315 milliards d’euros d’investissements supplémentaires d’ici à fin 2017.

Un Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS) sera créé, qui n’aura pour capital de départ que 5 milliards d’euros alloués par la BEI (Banque européenne d’investissement) et une garantie de 16 milliards d’euros dans le cadre du budget européen. Pour le reste, la Commission européenne mise sur « l’effet multiplicateur » : les investisseurs privés, rassurés par cet apport d’argent public (les actionnaires de la BEI sont les États membres de l’UE), se risqueraient enfin à financer des projets « au service de l’emploi et de la croissance ».

La BEI pourra leur faire des prêts en empruntant sur les marchés à des taux avantageux du fait de sa notation triple A.

En admettant que cela permette de lever 315 milliards sur trois ans, cela ne comblerait que 37,5 % du retard d’investissement de l’UE accumulé depuis 2008, selon le groupe de réflexion Bruegel. « C’est une coquille vide, sans argent frais injecté dans l’économie, à l’image de ce qui avait été proposé en 2012 dans le cadre du pacte de croissance négocié par le président français en échange de sa signature coupable du pacte budgétaire », dénonce la confédération FO, qui revendique avec la CES (Confédération européenne des syndicats) un plan d’investissements ambitieux de l’ordre de 2 % par an du PIB européen, soit 260 milliards par an pendant dix ans. -

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante