Plan pauvreté : « demander beaucoup à ceux qui ont peu »

Revue de presse par Michel Pourcelot

© HAMILTON/REA

La présentation d’un « plan pauvreté » par le chef de l’exécutif le jeudi 13 septembre a provoqué pléthore de commentaires dans les médias.

Le Progrès
Emmanuel Macron a dit ce jeudi vouloir lancer un combat neuf, appelant les premiers de cordée à ne pas oublier les derniers de cordée, lors de la présentation de sa stratégie de lutte contre la pauvreté, oubliant sans doute en raison de l’altitude les désindexations sur l’inflation des retraites et de nombre d’allocations.

Paris-Match
Habitué des hauteurs, évoquant Saint-Exupéry, un auteur dont sa plume Sylvain Fort est un fin connaisseur, Emmanuel Macron s’est approprié un passage de Terre des hommes, expliquant qu’un enfant pauvre empêché d’exploiter ses talents, c’est Mozart qu’on assassine. La larme à l’œil, on essaiera de ne pas oublier ses parents qui survivent malgré les bombardements de haute altitude.

Les Echos
Mais attention, Ce n’est pas un plan charité, les pauvres ne demandent pas l’assistanat. Emmanuel Macron fixe le cadre politique, ou plutôt le cadre nouvelle politique. Son approche n’est ni de gauche (la charité), ni de droite (la lutte contre l’assistanat). A moins que ce soit de la charité bien ordonnée, mode ordolibérale, sérieusement mâtinée de workfare bien anglo-saxon.

Le Monde
En effet, avec ce plan, Emmanuel Macron remet au centre de son discours la question des devoirs des personnes pauvres, notamment quand il parle de leur accompagnement et surtout de leur obligation de ne pas refuser plus de deux offres d’emploi, note Nicolas Duvoux, professeur de sociologie à l’université Paris-VIII, membre de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale. Résultat : Dans le discours d’Emmanuel Macron, il y a une tension entre l’importance qu’il donne à l’humanisation de l’accompagnement, au fait de donner aux personnes la possibilité de choisir leur vie, et cette dimension de sanctions et d’obligations. Une contradiction vite résolue, le contraignant, c’est pour les pauvres. On menace de la corde les derniers de cordée. Bref, chez Emmanuel Macron, on a toujours cette tendance, qui revient souvent, à demander beaucoup à ceux qui ont peu.

Libération
En outre, le revenu universel d’activité d’Emmanuel Macron semble a priori s’inscrire dans un grand chantier de refonte des minima sociaux. Lors de son discours jeudi, le chef de l’État a déploré le maquis des aides existantes [qui] ne permet pas de sortir de la pauvreté. Sa démarche semble notamment animée par un souci de simplification d’accès aux droits. Et généralement simplification rime avec réduction. Cette fusion des minima sociaux en vue de créer une allocation sociale unique [...] entraînerait une baisse de revenus pour pas moins de 3,55 millions de ménages. Parmi eux, ils seraient 1,5 million à ne plus avoir droit à quoi que ce soit, selon une étude commandée par le Premier ministre à France Stratégie (un organisme rattaché à Matignon). Précédemment, la Dares, institut de statistiques lié au ministère du Travail, s’était penchée sur l’universal credit des Britanniques. En 2013, ces derniers ont choisi de regrouper plusieurs dispositifs d’aides, avec un versement en partie conditionné à la recherche d’emploi. Or, selon la Dares, cette réforme a eu un impact modéré sur le retour à l’emploi et à terme, quoiqu’elle profite globalement aux ménages modestes, a entraîné une diminution du revenu de certains ménages pauvres. Et un conditionnement des aides.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante

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