Plan pour l’emploi : l’urge du libéralisme ?

Revue de presse par Michel Pourcelot

Un « plan d’urgence pour l’emploi » a été présenté, le 20 janvier, par le chef de l’État. Une urgence qui a été immédiatement très commentée.

Libération
Lui qui avait urgé le gouvernement, le président du Medef n’a pas attendu pour montrer sa satisfaction : « sans surprise, pour lui, "ces mesures vont dans le bon sens, il faut les appliquer le plus vite possible". Mais bien sûr, l’homme du million d’emplois non créés se veut "comme Saint Thomas d’Aquin : nous attendons maintenant de voir des mesures concrètes après ces bonnes déclarations d’intention". Sans surprise non plus, Gattaz regrette "l’absence de modification du contrat de travail" dans les annonces, son CDI "agile" (= où on peut licencier sans rien risquer) n’ayant pas été repris ». Ayant probablement du mal à croire que tous ses veux soient exaucés, à part le lapin agile qu’il a posé, le patron du Medef, plus féru en catéchisme libéral qu’en histoire religieuse, confond Saint Thomas l’apôtre, celui qui voulait toucher pour croire, et Saint Thomas d’Aquin. L’émotion sans doute.

Sud-Ouest
Par contre en matière de toucher le fond, ou de tutoyer le ciel, les chiffres du chômage n’arrêtent pas. Heureusement des chômeurs vont perdre leur unique A, mais pas par une agence de notation... : « la politique de l’offre (le pacte de responsabilité) ayant montré ses limites, François Hollande a donc choisi de recourir aux bons vieux tours de magie ». Les chiffres à prendre au pied de la lettre A. « Et il ne lésine pas, puisqu’il prétend mettre 500 000 chômeurs en formation, ce qui ferait effectivement passer autant de demandeurs d’emploi de la catégorie A (celle que tout le monde retient et commente chaque fin de mois) à la catégorie D, moins visible et peu prise en compte ». A défaut de l’alpha et l’oméga, réduire la catégorie A semble être devenue le b.a.-ba de la politique de l’emploi.

Challenges
Quant aux signaux envoyés aux chefs d’entreprise, c’est un feu d’artifice : « Le président tient son engagement : il va transformer le CICE, le crédit d’impôt compétitivité emploi, en exonération de charges pour plus de « clarté » et pour « assurer la pérennité d’un allègement » de 17 milliards d’euros en 2015. Et il ajoute une nouvelle prime de 2 000 euros par an pour les entreprises de moins de 250 salariés, qui recrutent des jeunes ou des chômeurs. Cela représente la quasi-suppression des cotisations sociales au niveau du Smic. Hollande parachève ainsi son tournant pro-entreprise de janvier 2014, avec le pacte de responsabilité. Sans en dire un mot pendant la campagne présidentielle de 2012, il aura été le président de la Ve République qui a le plus allégé le coût du travail ! ». Et augmenté le poids du chômage.

Le Télégramme
« Ce qu’en pensent les syndicats ? Sur la prime à l’embauche et la baisse des charges : "Ça fait beaucoup d’aides aux entreprises", a dénoncé le numéro un de la CGT, Philippe Martinez. Jean-Claude Mailly (FO) a fustigé un "PLA, programme libéral accentué", tandis que Laurent Berger (CFDT) voit dans la prime pour les PME et le plafonnement des indemnités prud’homales de licenciement en fonction de l’ancienneté (une autre mesure annoncée par François Hollande) des "effets d’aubaine" qui seront "inefficaces". Sur la volonté de former les chômeurs. Des questions se posent sur les capacités d’accueil des organismes de formation, ainsi que les débouchés. "On reste très dubitatifs", a dit la CGPME. "Ça n’est pas la formation qui va créer de l’emploi", a ajouté Carole Couvert, présidente de la CFE-CGC ». Mais est-ce le but ?

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante