Plan Valls : « Tout pour l’emploi » ou tout pour les entreprises ?

Revue de presse par Michel Pourcelot

Conférence de presse de Manuel Valls sur l’emploi dans les TPE/PME le 9 juin 2015 © F. Blanc / FO Hebdo

Un volet de dix-huit mesures visant à favoriser l’emploi dans les très petites entreprises (TPE) et les petites et moyennes entreprises (PME) a été annoncé par le Premier ministre le 9 juin. Ce « small business act à la française », selon ses mots, a été diversement apprécié, comme en témoigne la presse.

Le Figaro
Certains ne cachent pas leur joie. Ainsi le président du Medef, car « le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a été entendu par le chef du gouvernement ». D’autant que « la création d’un barème obligatoire aux prud’hommes avec un plafond ou encore l’assouplissement du recours au CDD constituaient autant de priorités pour lui ».

Le Point
Pour Thibault Lanxade, chargé des PME au Medef, « les mesures annoncées ce jour reprennent en partie ce que nous avions proposé et vont dans le bon sens ». Et de saluer un gouvernement qui « agit et propose des mesures significatives pour simplifier la vie des PME et sécuriser leur environnement ». L’insécurité, c’est pour les autres.

Libération
D’ailleurs, « chez les syndicats, Force Ouvrière a estimé que le gouvernement poussait "un peu plus haut le curseur patronal" dans le cadre de sa politique "d’inspiration libérale". La CFDT a jugé que les mesures étaient "en dessous des attentes" et a critiqué en particulier le plafonnement des indemnités prud’homales ». Curseur vers le haut pour les uns, plafonnement pour les autres.

La Croix
« Encourage-t-on les embauches en facilitant les licenciements ? » Christophe Ramaux, professeur d’économie à Paris I et membre du collectif des Économistes atterrés, n’y croit pas du tout. « Moi, je ne pense pas que plus on flexibilise le droit du travail plus on embauche. Depuis trente ans, les contrats de travail précaires se sont multipliés et ça n’a pas fait baisser le chômage. Il ne faut pas raconter d’histoires, une entreprise embauche quand elle a des commandes et qu’elle a besoin de personnel supplémentaire. Toutes ces mesures ne changent rien à cette évidence mais elles peuvent en revanche fragiliser les salariés, et donc la demande. »

La République
« À l’instar des autres entreprises, tant que leurs carnets de commandes ne seront pas remplis (ou en voie de l’être), ces "petits" patrons ne seront guère enclins à prendre des risques. Et même si on leur promettait de réduire le Code du travail à un opuscule de vingt pages, il est peu probable que leur attitude changerait. » Pourtant certains y travaillent.

Le Monde
Quant à l’aide de 4 000 euros à l’embauche pour les entreprises n’ayant jamais eu de salarié ou n’en ayant pas eu depuis au moins douze mois, « elle ne change pas grand-chose » pour le vice-président du Conseil économique, social et environnemental de Rhône-Alpes. Et ce patron d’une PME informatique lyonnaise de trente-sept salariés de remarquer : « Si j’embauche un collaborateur en CDI, c’est pour une durée moyenne de cinq ans. Ce ne sont pas 4 000 euros qui vont motiver ma décision, c’est mon carnet de commandes ! » Et il est difficile de remplir un carnet de commandes avec des clients aux porte-monnaie vides.

Michel Pourcelot Ex-journaliste à L’inFO militante