Des antipasti très copieux
Il faudra pour les coureurs profiter de la beauté infinie de Florence, Grand départ de ce Tour 2024, car dès leurs premiers tours de roue, les embûches vont s’accumuler. De Toscane, le peloton va rejoindre la France en quatre étapes très accidentées, aptes à déjà décanter le classement général.
Samedi 29 juin
1re étape
Florence – Rimini (206 km)
Jamais, dans toute son histoire, le Tour de France ne s’était élancé d’Italie. Jamais non plus il n’avait proposé une première étape aussi difficile, avec plus de 3 600 mètres de dénivelé positif entre Florence et Rimini ! Une longue traversée de l’épine centrale de la Botte, le massif des Apennins, en passant par plusieurs ascensions difficiles comme la côte de Barbotto (6,1 km à 7,4%), la côte de San Leo (5 km à 7,4%) et même le micro-État de Saint-Marin (7km à 4,8%). À l’image de la première étape de l’an dernier à Bilbao, les favoris devraient déjà être à l’œuvre… et l’un d’entre eux en jaune à l’arrivée.
Dimanche 30 juin
2e étape
Cesenatico – Bologne (200 km)
Le long de l’antique via Emilia, cette deuxième étape aurait pu n’être qu’une longue sieste jusqu’au sprint final si elle s’était sagement écoulée dans la plaine. Mais plusieurs détours par de petites côtes sont prévus sur la route de Bologne, et si l’arrivée sera bien jugée en centre-ville, elle sera précédée de deux ascensions de la redoutable côte de San Luca (2 km à 9,7%). Rédhibitoire pour les sprinteurs.
Lundi 1er juillet
3e étape
Plaisance – Turin (229 km)
Cette fois, c’est la plaine du Pô que le peloton va remonter en direction de l’ouest, c’est-à-dire la France. Une longue journée – le kilométrage le plus élevé de cette édition 2024 – toute plate qui finira forcément au sprint, à Turin.
Mardi 2 juillet
4e étape
Pinerolo – Valloire (138 km)
Pour rallier la France depuis l’Italie, il faut forcément franchir les Alpes. C’est le programme de cette quatrième étape, et il est salé. Aucune pente terrible n’est au menu du jour, mais il y aura des dizaines de kilomètres d’ascension pour monter jusqu’à plus de 2 600 mètres d’altitude au sommet du col du Galibier, avant de plonger vers Valloire. Même gravi par son versant le plus facile, celui du Lautaret, ce géant du Tour (23,6 km à 5% de moyenne) pourrait s’avérer très indigeste aussi tôt dans l’épreuve. La journée devrait livrer des surprises…
Gare à l’ivresse
Le Tour met le cap sur la Bourgogne et la Champagne, pour quelques étapes loin de la montagne. Mais attention : si les sprinteurs auront leur mot à dire, les vignobles seront aussi le théâtre de rendez-vous importants pour les candidats au classement général.
Mercredi 3 juillet
5e étape
Saint-Jean-de-Maurienne – Saint-Vulbas (177 km)
La frontière franchie, le peloton ne s’éternise pas dans les Alpes – patience, elles reviendront dans une dizaine de jours. Les routes de cette cinquième étape sont essentiellement plates et aucun sprinteur ne devrait manquer le rendez-vous de Saint-Vulbas.
Jeudi 4 juillet
6e étape
Mâcon – Dijon (163 km)
Après les difficiles premières étapes italiennes, cela va peut-être faire bizarre, mais c’est bien une deuxième journée de suite très tranquille qui se présente. Le programme est essentiellement touristique : abbaye de Cluny, vignoble de la côte chalonnaise, et le beau centre-ville de Dijon, où un sprint massif est attendu.
Vendredi 5 juillet
7e étape
Nuits-Saint-Georges – Gevrey-Chambertin (25 km, contre-la-montre individuel)
Au cœur des vignes parmi les plus prestigieuses de Bourgogne, c’est un rendez-vous important qui attend les candidats à la victoire finale de ce Tour 2024. Même s’il n’est pas très long, ce contre-la-montre plutôt taillé pour les spécialistes, avec ses routes plates en dehors de la courte côte de Reulle-Vergy, va forcément mettre en difficulté les purs grimpeurs et créer des écarts au classement général. De quoi infirmer ou confirmer la hiérarchie qui s’est dessinée en Italie.
Samedi 6 juillet
8e étape
Semur-en-Auxois – Colombey-les-deux-Églises (176 km)
Quelle issue pour cette étape dans le village préféré du général de Gaulle ? Les routes du jour sont sans cesse « mal-plates », comme disent les coureurs : jamais trop difficiles, mais jamais plates comme la main, ce qui au bout de 176 kilomètres finit par peser lourd dans les jambes. De quoi compliquer la tâche des sprinteurs, même si leurs équipes, à n’en pas douter, tenteront de contrôler la course.
Dimanche 7 juillet
9e étape
Troyes – Troyes (199 km)
Grande nouveauté sur le Tour : pour la première fois, cette neuvième étape propose, dans les vignobles de Champagne qui entourent Troyes, des « routes blanches ». Ces chemins de petits cailloux et de poussières, entrés dans les mœurs cyclistes grâce à la superbe classique toscane des Strade Bianche, compliquent la tâche des coureurs par leur rendu bien moins efficace que le goudron. Et comme, pour ne rien gâcher, ils ne sont souvent pas tout plat non plus, cela pourrait donner une étape débridée : pas moins de quatorze secteurs sont au programme, pour un total de 32 kilomètres non asphaltés. Si en plus la pluie s’en mêle…
Lundi 8 juillet : repos
Un match entre baroudeurs et sprinters
Sans cesse aux aguets ou presque depuis le départ de Florence, les protagonistes du classement général se voient offrir un brin de répit en attendant les Pyrénées. Mais attention quand même à rester attentif, les pièges ne sont jamais loin…
Mardi 9 juillet
10e étape
Orléans – Saint-Amand-Montrond (187 km)
Avec son profil plat comme la main et ses quelque 200 bornes en Centre-Val de Loire, cette dixième étape a tout pour être une longue sieste estivale ponctuée par un sprint massif. Sauf si… le vent se mêlait à l’affaire, ce qui n’a rien d’inhabituel dans la région. Les longues lignes droites du final pourraient alors permettre la formation de bordures au sein du peloton, qu’il faudra bien négocier pour éviter de perdre un temps précieux au général.
Mercredi 10 juillet
11e étape
Évaux-les-Bains – Le Lioran (211 km)
Seule étape de cette édition à arpenter les difficultés du Massif central, cette journée propose un menu assez copieux : col de Neronne (4,1 km à 8,4%), Pas de Peyrol (5,3 km à 7,8%) et col de Pertus (4,7 km à 8,1%) enchaînent les pourcentages difficiles dans le final de l’étape. On devrait assister à deux courses en une : celle des baroudeurs partis plus tôt en éclaireurs pour la victoire d’étape, et celle des premiers du général pour tenter de faire des écarts sur un terrain qui s’y prête vraiment.
Jeudi 11 juillet
12e étape
Aurillac – Villeneuve-sur-Lot (204 km)
Le peloton met le cap sur le sud-ouest pour une étape qui cache son jeu : aucune difficulté notable au programme, mais des routes jamais vraiment plates qui ont toutes les chances de donner des idées aux baroudeurs. Bien sûr, les sprinteurs auront de l’appétit, mais la chasse aux échappées s’annonce difficile…
Vendredi 12 juillet
13e étape
Agen – Pau (171 km)
Même programme ou presque que la veille : un cap mis sur le sud-ouest et un probable match entre baroudeurs et sprinteurs sur un parcours équilibré, ni vraiment plat, ni tout à fait ondulé. Les fusées du peloton partent tout de même avec les faveurs des pronostics pour un sprint royal à Pau.
Prendre de la hauteur
À une grosse semaine du terme, le Tour de France entre pour de bon dans la haute montagne. Les deux étapes pyrénéennes vont permettre d’y voir plus clair entre les candidats à la victoire finale de cette édition.
Samedi 13 juillet
14e étape
Pau – Pla d’Adet (152 km)
Il y a bien sûr eu le franchissement de la frontière franco-italienne, avec le passage par le Galibier, pour déjà goûter à la haute montagne. Mais c’est à partir de cette quatorzième étape que le Tour 2024 prend définitivement de la hauteur, pour une dernière ligne droite sans répit ou presque. La première journée pyrénéenne s’annonce aussi courte qu’intense, avec l’incontournable Tourmalet (19km à 7,4%), la Hourquette d’Ancizan (8,2 km à 5,1%), et la redoutable montée finale du Pla d’Adet (10,6 km à 7,9%) et ses virages où la pente dépasse souvent les 10%. On y verra beaucoup plus clair au classement général à l’issue de cette étape.
Dimanche 14 juillet
15e étape
Loudenvielle – Plateau de Beille (198 km)
L’enchaînement est immédiat avec une deuxième étape pyrénéenne en 24 heures, plus longue et plus aérée, probablement favorable à une échappée au long cours. Six ascensions sont au menu, dont Peyresourde (6,9 km à 7,8%) à froid, dès le départ, et le difficile col d’Agnès (10 km à 8,2%), mais les passages en plaine devraient limiter la bagarre entre les favoris à la montée finale, heureusement redoutable, du plateau de Beille (15,8 km à 7,9%).
Lundi 15 juillet : repos
Mardi 16 juillet
16e étape
Gruissan – Nîmes (187 km)
Après ce copieux week-end dans les Pyrénées et une journée de repos bien méritée, le peloton effectue sa traditionnelle transition entre les deux grands massifs de l’Hexagone, direction les Alpes. Un chemin qui passe souvent par Nîmes, où l’issue de l’étape du jour ne fait guère de doutes : les sprinteurs qui auront survécu jusqu’ici devraient se disputer la gagne, sauf si, comme sur la dixième étape, le vent s’en mêle et éparpille le peloton…
Un final en fanfare
Revoilà les Alpes, dernier obstacle sur la route de Nice, et pas des moindres. Les cinq dernières étapes de cette édition 2024 sont toutes difficiles, et susceptibles de changer la face du Tour jusqu’à l’ultime seconde.
Mercredi 17 juillet
17e étape
Saint-Paul-trois-Châteaux – Superdévoluy (178 km)
Peu servi en moyenne montagne jusqu’ici, à part avec les antipasti italiens, le peloton retrouve ce terrain pour deux journées piège avant le grand final alpestre. Cette dix-septième étape propose ainsi un terrain longtemps facile avant l’enchaînement, dans les tout derniers kilomètres, de trois courtes difficultés : col Bayard (6,8 km à 7%), col du Noyer (7,6 km à 7,9%) et la montée finale vers Superdévoluy (3,8 km à 5,6%). Si la victoire a toutes les chances de revenir à l’échappée du jour, les favoris devront rester attentifs aussi, notamment dans le difficile col du Noyer, propice à des attaques.
Jeudi 18 juillet
18e étape
Gap – Barcelonnette (179 km)
Le terrain ressemble à celui de la veille, mais l’étape est en réalité très différente : pas d’arrivée au sommet, et même un final peu difficile, mais beaucoup d’ascensions casse-pattes en route. Sans un mètre de plat ou presque, cette dix-huitième étape est une aubaine pour les baroudeurs qui ont encore de la force à ce stade de l’épreuve. Pour les favoris, en revanche, c’est une journée sans tracas, a priori.
Vendredi 19 juillet
19e étape
Embrun – Isola 2000 (145 km)
Il ne reste plus que trois étapes sur le Tour. Tout est fait ? Impensable au vu du programme du jour. En moins de 150 kilomètres, les coureurs se voient offrir trois difficultés majeures, sans répit, pour une étape reine qui peut tout changer. D’abord le col de Vars, 18,8 km à 5,7%, pour faire mal aux jambes. Puis la terrible Cime de la Bonette, toit de la Grande Boucle du haut de ses 2 802 mètres d’altitude, interminable ascension de 22,9 km à 6,9%, pour éparpiller les coureurs un par un. Et enfin la montée finale vers Isola 2000, 16,1 km à 7,1%, pour s’expliquer les yeux dans les yeux. Les écarts à l’arrivée peuvent être monstrueux, y compris entre les premiers du classement général.
Samedi 20 juillet
20e étape
Nice – Col de la Couillole (133 km)
Voilà le peloton à Nice, terme de cette édition 2024, mais il reste encore deux étapes difficiles, et donc décisives, pour dessiner le classement final. La première trace un parcours sans répit dans l’arrière-pays niçois en trois difficultés – col de Braus (10 km à 6,6%), col de Turini (20,7 km à 5,7%) et col de la Colmiane (7,5 km à 7,1%) – avant la montée finale du col de la Couillole et ses 15,7 longs kilomètres à 7,1%. Les pentes du jour sont régulières et digestes, mais avec la fatigue accumulée depuis Florence, et au lendemain d’une journée terrible, personne n’est à l’abri de passer par la fenêtre, surtout si, comme il est probable sur un tracé aussi court, la bagarre est lancée de loin.
Dimanche 21 juillet
21e étape
Monaco – Nice (34 km, contre-la-montre individuel)
Depuis sa première édition en 1903, jamais la Grande Boucle ne s’était terminée ailleurs qu’à Paris. Les JO changent la donne et c’est Nice qui a donc obtenu l’honneur d’accueillir le final du Tour cette année. L’occasion, pour les organisateurs, de tordre le cou au sempiternel défilé du dernier jour jusqu’aux Champs-Élysées en traçant un contre-la-montre à la fois long et difficile, plus qu’important pour les protagonistes du classement général. Si les écarts y sont faibles, on peut même imaginer le Tour basculer sur ce parcours vallonné entre Monaco et Nice, qui emprunte le col de la Turbie (8,1 km à 5,6%) et un bout du col d’Èze (1,6 km à 8,1%). C’est place Masséna que le maillot jaune saura s’il l’est encore… et pour toujours.