PMC Isochem : la pilule des NAO a du mal à passer

InFO militante par Fanny Darcillon, L’inFO militante

Les salariés du fabricant de composés pharmaceutiques se sont mobilisés pour leur pouvoir d’achat, n’obtenant qu’en partie gain de cause face à une direction sourde aux revendications.

L’ambiance était tendue depuis le mois de février à Vert-le-Petit (Essonne) : les négociations annuelles obligatoires chez PMC Isochem se sont déroulées dans un climat de frustration pour les salariés, marqués par le sentiment de ne pas être entendus. Un mouvement de grève de 24 heures a donc été décidé pour la journée du 13 mars, sur les trois sites du groupe fabriquant des intermédiaires pharmaceutiques, qui entrent ensuite dans la composition de médicaments.

L’activité des usines de Vert-le-Petit (Essonne) – où se trouve le siège social –, de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) et de Pithiviers (Loiret) a donc été perturbée par la soixantaine de grévistes mobilisés, sur les 240 salariés que compte le groupe. Fin 2022, on a fait signer une pétition pour demander une ouverture plus rapide des négociations salariales face à la hausse des prix, expose Stéphane Aubertin, délégué FO sur le site de l’Essonne. Alors que le caractère pressant des revendications des salariés avait bien été souligné, la direction a proposé lors de l’ouverture des NAO en février une augmentation générale de 2% au mois de novembre 2023. On s’est dit : ils se moquent du monde, s’agace le militant.

Une ambiance de travail dégradée

Une politique de compensation de l’inflation est à l’œuvre dans l’entreprise – un rattrapage en avril sur la moyenne de l’inflation de l’année précédente –, argument derrière lequel s’est abritée la direction pour ne pas augmenter davantage les salaires. Mais derrière les chiffres, c’est la question des conditions de travail qui se pose pour Stéphane Aubertin : L’ambiance de travail est dégradée depuis 2018, les installations sont obsolètes et il n’y a pas d’investissements. On a l’impression d’être pris pour des imbéciles, et on ne peut même pas se prévaloir d’augmentations régulières pour se dire : au moins, je gagne un salaire correct.

A l’issue de la grève, les dirigeants d’Isochem ont revu leur copie en avançant au mois de mai l’augmentation de 2%, et en y ajoutant différentes mesures telle que l’extension à tous les sites d’une prime de transport de 200 euros, et l’augmentation de 50 centimes des tickets restaurants. Assez loin du cahier des revendications des grévistes, qui demandaient 5% de hausse salariale générale avec un talon de 120 euros. Le bilan est mitigé, reconnaît Stéphane Aubertin. Mais tout n’est pas non plus négatif, car les trois sites ont montré qu’ils étaient capables de se mobiliser pour les salaires, une volonté qui n’avait pas été observée depuis des années.

Pressions sur les grévistes

Le délégué FO déplore l’utilisation de pratiques de pression et de chantage sur les salariés, instaurant un climat anxiogène autour de l’avenir du groupe. A l’origine filiale de la Société nationale des poudreuses et explosifs (SNPE) jusqu’en 2010, Isochem a été reprise en 2017 par la société américaine PMC à la suite d’un redressement judiciaire. La direction nous a expliqué que l’entreprise perdait de l’argent, qu’ils n’avaient pas encore mis au courant l’actionnaire américain mais qu’on ne savait pas ce qu’allait être sa réaction si on poursuivait le mouvement, raconte Stéphane Aubertin.

Beaucoup d’entreprises font ce type de chantage à l’emploi, souligne Christophe Le Comte, secrétaire général de l’union départementale FO de l’Essonne. Mais en fin de compte, s’ils gardent les salariés, c’est que leur force de travail est essentielle pour faire fonctionner l’entreprise. Aucun salarié n’est un coût pour l’entreprise, c’est une valeur. Il n’y a donc pas de timidité à avoir lorsqu’il s’agit de demander une augmentation de salaire.

Les trois sites étant éloignés géographiquement, et FO n’étant implanté qu’à Vert-le-Petit, la coordination de la lutte face aux sous-entendus de la direction s’est révélée compliquée. La reprise du travail a été votée de justesse en assemblée générale, sachant que la direction avait dit que si la reprise du travail n’était pas effective le lendemain matin, il n’y aurait aucune mesure salariale en 2023, souligne le militant FO, qui n’a à ce stade pas signé la proposition de la direction.

Fanny Darcillon

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération