Pôle emploi : grève pour la défense des missions du service public

Mobilisation par Evelyne Salamero

Manifestation du 7 mars 2017 à Paris. Photographie : F. Blanc (CC BY-NC 2.0)

N’en déplaise à la direction qui a cherché à minimiser les chiffres, pas moins de 25% à 30% des agents de Pôle emploi étaient en grève le 6 mars à l’appel de FO, de la CGT, de Sud et du SNU-FSU. Ils étaient appelés à poursuivre leur mouvement ce 7 mars et à se joindre à la grève et à la manifestation nationale initiées par les hospitaliers.

Les grévistes de Pôle emploi revendiquent l’arrêt de la mise en œuvre du plan de restructuration Pôle emploi 2020 et le retrait de l’accord GPEC (Gestion prévisionnelle des emplois et compétences) qui l’accompagne et qui a été signé par la CFDT, la CGC et la CFTC.

Dématérialisation à outrance

La direction a en effet entrepris une dématérialisation « à outrance », dénoncent les syndicats, via un traitement informatique poussé à l’extrême des dossiers. Cela ne peut qu’entraîner très rapidement la disparition quasi-totale du métier lié à l’indemnisation des demandeurs d’emploi.

L’accord GPEC prévoit ainsi une baisse de charge du service indemnisation de 35 à 40% d’ici 2018 et que les deux tiers des agents dédiés à cette tâche soient transférés au service placement d’ici 2020.

Cette perspective est d’autant plus dangereuse, explique Fabien Milon, délégué syndical central FO, que si la logique actuelle de la direction continuait à s’appliquer, le service placement serait lui aussi voué à être totalement dématérialisé à terme.

Pôle emploi a d’ores et déjà lancé en novembre dernier une plateforme numérique, Bob Emploi, qui rapproche l’offre et la demande par algorithme, pour accompagner les demandeurs d’emploi.

Mise à distance des usagers

En clair, les demandeurs d’emploi sont et seront de plus en plus souvent accompagnés par des machines en lieu et place des agents de Pôle emploi.

Cela vise une mise à distance des usagers résument les organisations syndicales.

Contrairement à ce qui est prétendu, le traitement automatique des données à outrance accroit le risque d’erreurs, souligne FO.

L’intervention humaine sert en effet justement bien souvent à corriger les incohérences et anomalies d’un dossier dans sa globalité, à toutes les étapes de son parcours, alors que le traitement informatique systématique ne permet pas d’avoir cette vision globale, explique en substance le syndicat FO, pour qui cette évolution participe d’une remise en cause du système d’Assurance chômage.

Les grévistes et leurs syndicats revendiquent donc la défense de (leurs) missions de service public et de protection sociale collective dans le cadre du régime d’Assurance chômage.

Ils exigent aussi la reconnaissance et le maintien de tous (leurs) métiers dans le respect de (leurs) expertises, qualifications et identités professionnelles), ainsi que l’embauche de personnels en CDI.

Evelyne Salamero Ex-Journaliste à L’inFO militante