Pologne : grève nationale des personnels de santé le 11 septembre

Les articles de L’InFO militante par L’inFO militante, Maud Carlus

© Omar Marques / SOPA Images/ZUMA/REA

Les salariés français ne sont pas les seuls à revendiquer des hausses de salaires. Dans plusieurs pays, les travailleurs ont dû recourir au rapport de forces, l’appel à la grève, pour faire entendre leur demande d’augmentations. Exemple polonais.

Services sous tension, soignants malades, manque d’effectifs et de moyens : la crise sanitaire a révélé les défaillances de longue date du système de santé polonais et a provoqué un ras-le-bol des personnels des hôpitaux. Ils ont annoncé une grève nationale le 11 septembre pour demander un soutien financier conséquent, une revalorisation des salaires et surtout faire réagir le gouvernement.

Le pays est en effet en proie à une grave crise sanitaire depuis le début de l’épidémie de Covid-19. Au plus fort de la seconde vague, en octobre 2020, plus de 12 000 contaminations par jour ont conduit les médecins et responsables des hôpitaux à tirer la sonnette d’alarme. Avec 238 médecins et 510 infirmières pour 100 000 habitants, la Pologne a l’un des plus faibles niveaux médical de l’Union européenne. Le personnel est également vieillissant, plus du quart est âgé d’au moins 60 ans. Une pénurie de personnel qui guette et a poussé l’État à réquisitionner les médecins jusqu’à 65 ans pendant la crise et à se tourner vers des professionnels étrangers.

Les urgences polonaises surnommées les égouts

Un an avant la pandémie, les médecins polonais alertaient déjà le gouvernement sur les risques de surchauffe du système de santé du pays, parlant de catastrophe. Katarzyna Pikulska, médecin urgentiste et présidente du collectif Skalpel s’était exprimée en des termes traduisant pour le moins les préoccupations : Dans le métier, les urgences sont surnommées les égouts parce que nous sommes le dernier recours. Les patients rejetés par le système, et qui ne peuvent pas recevoir de soins dans un délai raisonnable, arrivent chez nous. Je suis moi-même orthopédiste mais je travaille aux urgences parce qu’on y manque d’urgentistes spécialisés. C’est comme ça que l’administration comble les trous.

En pleine crise de la Covid-19, l’administration polonaise avait improvisé dans l’urgence un hôpital de campagne au sein du stade national de Varsovie, capable d’accueillir 300 patients. Une action qui a laissé les médecins du pays plutôt sceptiques. En effet, si cet établissement propose de meilleurs salaires, il tente de débaucher le personnel travaillant dans les collectivités locales, déjà en situation de déserts médicaux. Plus largement, dénonçant la situation alarmante de l’ensemble du système de santé polonais, à l’hôpital notamment, les personnels soignants seront donc en grève le 11 septembre.

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

Maud Carlus

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