Polynésie française : une caisse de chômage sera créée en 2023

InFO militante par Clarisse Josselin, L’inFO militante

Vue de Papeete
©Mario FOURMY/REA

Après six jours de grève générale en Polynésie française, l’intersyndicale à laquelle FO participe a été entendue sur l’essentiel de ses revendications. Outre une revalorisation du salaire minimum, elle a obtenu qu’un système d’allocation chômage voit enfin le jour. Ce sera en 2023, et c’est une première dans cette collectivité d’outremer.

Il y aura une indemnisation du chômage en Polynésie en 2023, c’est une très grande avancée, se félicite Patrick Galenon, secrétaire général de la Confédération des syndicats des travailleurs de Polynésie (CSTP-FO). La création d’une caisse de chômage était une revendication portée de longue date par FO. Elle a enfin été entendue à l’issue d’une mobilisation menée fin novembre.

Car la crise sociale qui sévit dans les Antilles n’a pas épargné la Polynésie française, collectivité d’outremer autonome située dans le Pacifique Sud. Quatre confédérations, dont FO, à travers la CSTP-FO, première force syndicale de l’archipel, avaient déposé le 16 novembre un préavis de grève générale illimitée comportant huit points de revendications. L’intersyndicale demandait notamment une hausse de pouvoir d’achat de 4% et la mise en place d’une caisse de chômage, dont le territoire est toujours dépourvu à ce jour. Elle s’opposait également à un projet de nouvelle gouvernance de la caisse de protection sociale.

Les négociations n’aboutissant pas avec les autorités locales - aussi appelées le Pays - la grève générale a démarré le 24 novembre. La mobilisation a été forte dans les services postaux, au port de Papeete ou encore chez les pompiers de l’aéroport, ce qui a impacté fortement le trafic aérien.

Après plusieurs séances de négociations, un protocole d’accord a été signé le 29 novembre entre le Pays et l’intersyndicale. Les dispositions n’en sont pas encore tout à fait fixées et les discussions se poursuivent. Mais au vu du protocole de fin de conflit, plusieurs avancées notables ont été obtenues par les organisations syndicales.

Salaire minimum : une revalorisation attendue depuis 2014

L’exécutif local s’est ainsi engagé à mettre en place au 1er janvier 2023 un fonds d’aide aux salariés ayant perdu involontairement leur emploi (Fase). C’est la première fois qu’une caisse de chômage va être créée, les patrons n’en voulaient pas, explique Patrick Galenon. Nous avons exigé qu’une date soit fixée. Actuellement, les demandeurs d’emploi ne peuvent bénéficier que des Conventions d’Aide à l’Emploi (CAE) leur permettant de faire un stage indemnisé en entreprise. Et les aides sont versées directement aux employeurs.

Le protocole de fin de conflit précise que le financement de ce fonds sera tripartite : Pays, employeurs et salariés. Selon le négociateur FO, la moitié des aides accordées actuellement au CAE sera réorientée vers le fonds, soit 2.5 milliards de francs pacifique (près de 21 millions d’euros).

Les organisations syndicales ont obtenu une autre avancée notable, en matière de rémunération. Le Smig local a déjà été augmenté de 2% au 1er décembre, passant à 1296,53 euros (155 973 francs pacifique) pour 169 heures mensuelles (39 heures par semaine). Une nouvelle augmentation de 1% interviendra en juillet 2022 puis une autre en décembre 2022. En fonction de l’inflation, le Smig pourrait même augmenter de 2% supplémentaires, ajoute Patrick Galenon. Le salaire minimum n’avait pas reçu de coup de pouce depuis 2014.

Les syndicats auront toujours leur mot à dire

C’est sur la réforme de la gouvernance de la Protection sociale généralisée (PSG), qui regroupe la retraite, la santé et la famille, que les discussions ont été les plus rudes. Dans son préavis, l’intersyndicale dénonçait la mort de la gestion paritaire au profit d’une gouvernance politique. En effet, une TVA sociale devrait être mise en place prochainement pour renflouer les caisses de la PSG. L’exécutif local se saisit de l’occasion pour entrer au conseil d’administration et en changer la composition. Jusqu’à présent, ce dernier était constitué de 28 administrateurs : 14 représentants des salariés et 14 représentants des employeurs. Le gouvernement souhaite le réduire à 15 membres : 5 représentants des salariés, 5 représentants des employeurs et 5 représentants désignés par le gouvernement. Pour trouver une issue, j’ai finalement proposé que les décisions du conseil d’administration soient prises à la majorité qualifiée, soit avec 12 voix sur 15, poursuit Patrick Galenon. En clair, les syndicats auront toujours leur mot à dire.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération