Portrait social d’une France à l’arrêt

Economie par Mathieu Lapprand

Le « Portrait social de la France », dans son édition de 2015, fait le constat d’une économie en berne, dont les principaux indicateurs –PIB, revenus, chômage, dépenses de santé– reflètent l’échec de la politique d’austérité. © Hamilton / REA

Une économie à l’arrêt, des revenus en baisse, un chômage toujours plus haut, le portrait du pays tiré par l’Insee est un marqueur de l’échec des politiques d’austérité.

L’Insee a rendu public son « Portrait social de la France en 2015 » au début du mois de novembre. Ce document synthétise chaque année nombre d’indicateurs concernant la situation économique, le marché du travail, les mécanismes de redistribution, mais aussi des indicateurs décrivant la population du pays, son niveau de vie et la qualité de celle-ci.

Économie

Le PIB du pays, sa richesse produite annuellement, n’aura augmenté que de 0,2 % en 2014 contre 0,7 % en 2013. Le secteur énergétique, la production industrielle comme le secteur de la construction sont en repli. Les investissements reculent à nouveau en 2014 (- 1,2 %) et restent inférieurs de 6,7 % à leur niveau de 2007. Ce sont les investissements des ménages et des administrations publiques qui se sont écroulés en 2014, respectivement de - 5,3 % et - 6,9 %, alors que les investissements des entreprises non financières rebondissent, passant de + 0,5 % à + 2 %.

Emploi

Si le chômage a augmenté de façon plus contenue que les années précédentes, l’Insee dénombre 140 000 chômeurs, au sens du BIT, supplémentaires en 2014 par rapport à 2013. Les hommes sont davantage touchés que les femmes car les secteurs tels que l’industrie ou la construction sont les premières victimes de la crise et de la politique d’austérité. 4,2 % de la population active est au chômage depuis plus d’un an (longue durée) et 2,1 % depuis plus de deux ans (très longue durée).

Salaires

En 2013, les salariés du secteur privé comme ceux d’une entreprise publique ont, pour la seconde année consécutive, vu leur salaire diminuer : après une baisse de 0,4 % en 2012, c’est - 0,3 % en 2013. Ce sont les cadres qui voient leur salaire diminuer le plus (et pour la troisième année de suite dans leur cas), ils perdent 1,1 % de revenus en euros constants. Professions intermédiaires et ouvriers voient leur rémunération se contracter de 0,3 % et seuls les employés connaissent une hausse, qui reste limitée à 0,2 %. La réduction du salaire moyen concerne les hommes (- 0,4 %) car le salaire des femmes stagne. Si, en conséquence, l’écart salarial entre les hommes et les femmes se réduit légèrement il reste, pour un équivalent temps plein, de 19 %.

Niveaux de vie

En 2013, la moitié des Français ont un niveau de vie inférieur à 20 000 euros annuels, soit 1 667 euros par mois. C’est le niveau de vie médian, il a baissé de 0,1 % par rapport à 2012. Si le gouvernement a cru opportun de communiquer sur une réduction des inégalités en 2013, cette très légère réduction correspond essentiellement à une contraction des revenus des 10 % les plus riches, due à la fiscalité, et à la légère hausse de revenus des 10 % les plus pauvres, une hausse de moins de 4 euros par mois environ, qui ne suffira pas pour les 8,65 millions de pauvres recensés en 2013. -


Zoom : Entrer dans la fonction publique
Le portrait dressé par l’Insee fait un focus sur les recrutements dans la fonction publique. L’institut constate l’augmentation du niveau de diplôme des postulants. Ainsi, pour les fonctionnaires de catégorie B, en 1980 seuls 22 % d’entre eux avaient un niveau de diplôme supérieur ou égal à bac+3. En 2010, ce taux est passé à 63 %.
Pour l’Insee, en période de chômage élevé le nombre de candidats aux concours augmente sensiblement.
Une hausse du chômage de 10 % se traduirait par une augmentation des candidats de 3 à 4 % pour la catégorie A, de 8 % pour les B et de 6 % pour la catégorie C.

Mathieu Lapprand Journaliste à L’inFO militante