Pour ArcelorMittal, l’acier semble plus vert aux États-Unis qu’en Europe

InFO militante par Clarisse Josselin, L’inFO militante

© Bastien CREQUI/REA

Quelques semaines après avoir gelé son projet de décarbonation de la production d’acier sur le site de Dunkerque, le géant sidérurgique ArcelorMittal a annoncé le 6 février la construction, à l’horizon 2027, d’un nouveau site aux États-Unis. Un investissement estimé à 900 millions de dollars, qui devrait permettre de produire 150 000 tonnes d’acier vert par an. C’est quasiment le même montant que celui prévu pour Dunkerque, où le projet est évalué à 1,8 milliard d’euros, dont 850 millions d’euros provenant d’aides de l’État.

Produire directement sur le sol des États-Unis permettra au groupe d’échapper à la hausse de 25 % des droits de douane sur l’acier, décidée récemment par Donald Trump et qui devrait entrer en application, sans exception, a-t-il prévenu.

Avec cette annonce, ArcelorMittal fait monter d’un cran la pression exercée sur l’Union européenne pour obtenir de meilleures mesures de protection face à la concurrence chinoise, dans un contexte de surproduction mondiale d’acier. Lors d’une audition parlementaire le 22 janvier, le patron d’ArcelorMittal France avait déclaré que sans ces mesures, tous les sites en Europe, quel que soit le pays, sont à risque de fermeture.

Délocalisation de fonctions support

Dernier coup de massue en date pour les salariés d’ArcelorMittal, le groupe a annoncé le 11 février qu’il préparait la délocalisation de certaines fonctions support d’Europe vers l’Inde. Objectif affiché selon l’AFP : poursuivre la réduction des coûts qui ne sont pas directement liés à la production d’acier. Trente et une entités du groupe pourraient être touchées en Europe.

Aucune précision n’a encore été donnée concernant la France, mais un CSE central est prévu en mai au sein d’ArcelorMittal France, qui regroupe huit sites dont Dunkerque et Florange. Tout ce que nous savons, c’est que nous allons rentrer dans une phase d’information-consultation, explique Sylvain Ibanez, représentant syndical national FO d’ArcelorMittal. Un CSE extraordinaire était également programmé le 19 février dans la branche distribution et services.

 Nos soucis étaient là bien avant Trump, mais pour le groupe, le contexte économique compliqué est une occasion rêvée pour restructurer, introduire l’IA dans certains métiers et centraliser un peu plus. Si des mesures de protection européennes ne se mettent pas rapidement en place, on risque le pire, alerte le militant.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

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