Pour FO Areva, la direction porte la responsabilité des énormes pertes annoncées

Nucléaire par Mathieu Lapprand

FO Areva veut agir en justice face aux pertes colossales du groupe. © Franck CRUSIAUX / REA

Le groupe Areva a confirmé le 4 mars une perte de 4,8 milliards d’euros en 2014 pour un chiffre d’affaires de 8,3 milliards. Au début de l’année, les syndicats FO du groupe avaient déjà porté plainte auprès du procureur de Paris, considérant que les salariés étaient les premières victimes des pertes subies par le groupe.

Le 4 mars Areva a annoncé une perte de 4,8 milliards d’euros pour l’exercice 2014, soit plus de la moitié de son chiffre d’affaires et plus que toute la capitalisation boursière du groupe. Le fleuron du nucléaire français est dans la tourmente depuis plusieurs années. Si les pertes des années antérieures –2012 et 2013– se sont respectivement élevées à 100 puis 500 millions d’euros, l’exercice 2011, l’année de la catastrophe de Fukushima, s’était déjà révélé désastreux avec un résultat net négatif de plus de 2,4 milliards d’euros.

Avec le résultat 2014, la dette du groupe est portée à 5,8 milliards d’euros. Ce résultat est la somme de nombreuses dépréciations d’actifs et de provisions pour cause de retards ou de surcoûts. Pour Philippe Launay, délégué syndical central de FO, cette situation est la résultante des « mauvais choix des dirigeants successifs sur le dossier Uramin comme sur le réacteur EPR de troisième génération, dont le coût avait été fortement minoré lors de sa vente à la Finlande ».

Plainte contre X des syndicats FO

Une enquête préliminaire est toujours en cours concernant le rachat contesté, en 2007, par Areva et pour 1,7 milliard d’euros, de la société canadienne Uramin. Les quatre syndicats FO du groupe ont annoncé au parquet et au procureur de Paris leur intention de se constituer partie civile sur les poursuites qui pourraient être menées à l’issue de cette enquête. Comme le précise le courrier adressé au procureur de Paris, les syndicats FO d’Areva relèvent trois délits : la présentation de comptes inexacts ou infidèles, la diffusion d’informations fausses ou trompeuses et le délit de faux et usage de faux en écriture privée. Ces infractions causent « un préjudice direct et certain à la collectivité des salariés », et constituent donc l’intérêt à agir de ces syndicats.

Fin 2014, dans le cadre des négociations salariales, c’est d’ailleurs le « contexte difficile » qui est évoqué par la direction pour justifier « l’absence d’augmentation générale » des salaires ou « d’augmentation individuelle liée à la performance ». FO, pour sa part, n’entend pas laisser passer les contre-performances des dirigeants successifs d’Areva. 

Mathieu Lapprand Journaliste à L’inFO militante

Sur le même sujet