Pour FO, la question des salaires est l’enjeu de la rentrée sociale, pas les réformes

InFO militante par Clarisse Josselin, L’inFO militante

Eric TSCHAEN/REA

Un agenda de rentrée chargé : après une intersyndicale réunissant FO, CGT, FSU, Solidaires, l’UNL et l’Unef le 30 août, le Premier ministre recevra les 1er et 2 septembre les organisations syndicales et patronales dans une série de rencontres bilatérales. A Matignon, les discussions devraient notamment aborder les réformes des retraites et de l’Assurance chômage ainsi que la gestion de la crise sanitaire. Pour FO (qui sera reçue le 1er septembre), c’est surtout la question des salaires et de l’emploi qui est primordiale en cette rentrée sociale.

L’heure de la rentrée sociale a sonné. Lundi 30 août, les organisations syndicales FO, CGT, FSU, Solidaires, et de jeunesse UNL et l’Unef se réunissent en intersyndicale. La situation sanitaire ne peut et ne doit pas être utilisée par le gouvernement et le patronat pour accélérer la remise en cause des droits et des acquis des salarié.es dans tous les domaines : emplois, conditions et temps de travail, salaires, sécurité sociale, retraites et assurance chômage en particulier, prévenaient d’ores et déjà ces organisations dans un communiqué commun daté du 1er juillet. Elles se disaient prêtes et déterminées à appeler à la mobilisation interprofessionnelle la plus large, y compris par la grève.

Signe de la rentrée sociale encore, les 1er et 2 septembre, les leaders des organisations syndicales et patronales seront reçus par le Premier ministre Jean Castex. Pas de grande conférence sociale au programme, mais une série de rencontres bilatérales. La délégation FO sera reçue à Matignon dans la matinée du 1er septembre. Le secrétaire général Yves Veyrier sera accompagné de Michel Beaugas, secrétaire confédéral chargé de l’emploi et des retraites ainsi que de Béatrice Clicq, secrétaire confédérale chargée de l’égalité femmes-hommes.

Aucun ordre du jour n’avait été transmis, vendredi, aux interlocuteurs sociaux. Mais certains sujets semblent incontournables, comme l’Assurance chômage et les retraites, que le gouvernement s’obstine à vouloir réformer. Quand je rencontrerai le Premier ministre je lui dirai qu’il faut cesser de considérer le social comme un coût, a prévenu Yves Veyrier dans une interview à l’Opinion le 24 août. Depuis trop longtemps, on nous parle Sécu, retraites, assurance-chômage, services publics comme d’une dépense, là où nous voyons un progrès social, plus égalitaire et plus juste.

Le gouvernement entend toujours durcir les règles d’Assurance chômage au 1er octobre

Sur la question des retraites, à huit mois de l’élection présidentielle, il est peu probable qu’une réforme soit engagée concrètement. Mais les souhaits de l’exécutif restent inquiétants. Ainsi, lors d’une allocution télévisée le 12 juillet, le chef de l’État, indiquant que la réforme n’interviendrait que lorsque l’épidémie de Covid-19 serait sous contrôle et la reprise bien assurée, émettait le souhait de la reprise d’une concertation avec les interlocuteurs sociaux, à la rentrée et sous l’égide du Premier ministre. Emmanuel Macron évoquait une nouvelle fois comme pistes le recul de l’âge de départ à la retraite et la fin des régimes spéciaux.

FO estime de son côté que le sujet n’a pas à revenir sur la table, d’autant plus en ce moment compte tenu du contexte et de la crise sanitaire qui dure depuis un an et demi. Il y a déjà beaucoup d’inquiétude et de tension autour des questions de santé et d’emploi, ce n’est pas le moment de rajouter de la tension, on a besoin d’apaisement a prévenu Yves Veyrier sur Sud Radio le 25 août.

Emmanuel Macron semble par ailleurs déterminé à imposer la réforme de l’Assurance chômage pour le 1er octobre 2021. Cette réforme, qui durcit fortement les règles d’indemnisation des demandeurs d’emploi, avait dû être reportée à plusieurs reprises en raison de crise sanitaire. Et le 22 juin, le Conseil d’État, saisi notamment par FO, avait une nouvelle fois retoqué le décret cadrant cette réforme, et qui devait s’appliquer au 1er juillet 2021. Les règles actuelles, issues de la convention Unedic de 2017, restent en vigueur jusqu’à fin septembre 2021.

Pour FO, résoudre les difficultés rencontrées en matière d’emploi permettra l’équilibre financier de tous nos systèmes sociaux

Sur ces deux sujets, Yves Veyrier estime que la priorité est plutôt de résoudre les difficultés rencontrées en matière d’emploi : l’accès à un emploi à temps plein pérenne pour les jeunes, les emplois à bas salaires, à temps partiel subi, ainsi que les difficultés de conserver ou de retrouver un emploi pour les seniors. Si l’on résout ces problèmes, on parviendra à l’équilibre financier de tous nos systèmes sociaux, expliquait le secrétaire général dans le journal l’Opinion le 24 août.

Par ailleurs, en cette rentrée sociale, le gouvernement se montre particulièrement confiant. Invité par le Medef le 25 août, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire s’est félicité de signaux économiques encourageants, comme la baisse du chômage à son niveau d’avant-crise ou les prévisions de croissance de l’Insee à 6 % en 2021. Il en a profité pour annoncer l’arrêt du soutien gouvernemental aux entreprises fragilisées par la pandémie dans le cadre du quoi qu’il en coûte. Attention à ce que le quoi qu’il en coûte ne devienne pas un quoi qu’il en coûte aux salariés, au prétexte que maintenant, il va falloir payer le coût de la crise Covid, a prévenu Yves Veyrier sur France Info le 26 août.

Pour faire face à leurs difficultés de recrutement, Bruno Le Maire a aussi incité les employeurs à proposer de meilleurs niveaux de rémunération. Pour FO, la question des salaires est au cœur de la rentrée sociale, d’autant qu’au deuxième trimestre 2021, les dividendes mondiaux sont quasiment revenus à leur niveau d’avant-crise, selon la société de gestion Janus Henderson. Cette dernière prévoit un versement de dividendes pouvant aller jusqu’à 1 390 milliards de dollars dans le monde en 2021.

En regard, au 1er janvier 2021, le Smic a été augmenté de 0.99%, soit la plus faible augmentation de ces trois dernières années. FO revendique toujours un Smic à 80% du salaire médian, soit 1450 euros nets.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération