La situation des finances publiques est extrêmement grave
, beaucoup plus dégradée que cela n’a été dit
, sous-entendu par le précédent gouvernement, martelait depuis des semaines le Premier ministre, Michel Barnier, dont le gouvernement a été formé le 21 septembre, plus de deux mois après que le précédent a été déclaré démissionnaire. Une procédure pour déficit excessif a été ouverte cet été contre la France par la Commission européenne, qui lui accorde jusqu’au 31 octobre pour présenter une trajectoire de redressement de ses comptes d’ici 2027. En 2024, au total 26,5 milliards d’euros de crédits ministériels doivent être gelés ou annulés, amputant d’autant les moyens des missions de l’État. Le déficit public de 2024 est estimé à plus de 6 % du PIB (contre les 5,1 % prévus), communiquait le gouvernement depuis quelques jours, les nouveaux locataires de Bercy en tête. Le 25 septembre, Laurent Saint-Martin, nouveau ministre du Budget et des Comptes publics, indiquait que les plafonds de dépenses prévues pour 2025 par le précédent gouvernement pour les différentes missions de l’État ― ce qui aboutissait à une réduction des dépenses de 10 milliards d’euros ― pourraient être revus à la baisse. Et d’asséner : Nous ne redresserons pas nos finances publiques avec d’une part la baisse de la dépense publique et de l’autre le levier fiscal en même temps, ça ne marchera pas. Nous redresserons les comptes en réduisant nos dépenses d’abord et prioritairement.
2025 avec toujours la potion amère de l’austérité
Ces derniers jours, des députés (dont d’anciens ministres), issus des rangs du parti présidentiel, ont demandé, pour l’un, la présentation en octobre d’une loi de finances rectificative pour 2024 qui annulerait des crédits et introduirait quelques mesures fiscales. Pour d’autres (vingt-sept), la mise à l’écart d’office de tout projet de hausse d’impôts. Un credo cher à l’exécutif depuis sept ans.
Alors que le projet de loi de finances pour 2025 (ainsi que le projet de financement de la Sécurité sociale/PLFSS) sera présenté, a priori, en Conseil des ministres le 9 octobre puis débattu au Parlement à partir du 21 octobre (le 28 octobre pour le PLFSS), le Premier ministre a déroulé le 1er octobre, devant l’Assemblée, son discours de politique générale. Et évoqué notamment les finances publiques... Le gouvernement a ainsi l’objectif de ramener en 2025 le déficit public à 5 % du PIB (inférieur donc de plus d’un point à ce qui semble prévu pour 2024) et à 3 % en 2029. Pour ce faire, Michel Barnier annonce un premier remède
: la réduction des dépenses publiques. Deux tiers de l’effort de redressement
Il s’agira de faire beaucoup, bien et avec peu
, assène le Premier ministre, ajoutant une deuxième potion visant l’efficacité des dépenses
. Cela se traduirait par une chasse
lancée contre les doublons, l’inefficacité, les abus
. Le troisième remède serait d’ordre fiscal avec, sans plus de détails pour l’instant, un effort
, limité dans le temps
, et qui serait demandé aux grandes et très grandes entreprises
, et aux Français les plus fortunés
. Ce volet s’accompagnerait d’une lutte contre la fraude fiscale et sociale
.
Pour FO, réunie en CCN les 24 et 25 septembre, le dogme de la réduction des dépenses publiques doit être abandonné
. Elle met en garde le gouvernement contre toute nouvelle tentative de remise en cause des droits et garanties des salariés et des plus démunis au prétexte d’un déficit public catastrophique
. Car, rappelle FO, cette situation des comptes publics est le résultat des politiques menées par les gouvernements successifs
. Concrètement, des politiques libérales de soutien à l’offre
.