Les travailleurs exigent des réponses enfin à la hauteur
L e secrétaire général de FO, Frédéric Souillot, mettait en garde depuis déjà de longs mois : la colère sociale monte. Les projets budgétaires pour 2026, annoncés le 15 juillet par le désormais ex-Premier ministre, François Bayrou, ont eu un effet catalyseur. Année blanche
, autrement dit le gel des dépenses publiques (impactant les salaires du public, les pensions, les minima sociaux ou encore le barème de l’impôt), attaque du temps de travail (suppression de deux jours fériés…), baisse des effectifs des agents publics, baisse des droits des assurés sociaux (doublement des franchises médicales, durcissement des modalité pour les arrêts de travail, remise en cause des modalité d’ALD…), volonté de durcir encore les règles de l’Assurance chômage via une nouvelle réforme (FO a décidé d’attaquer la lettre de cadrage présentée le 8 août aux syndicats), durcissement de la fiscalité appliquée aux retraités… Ce plan, visant un effort
de près de 44 milliards d’euros sur les finances publiques, principalement par une baisse des dépenses et notamment par des mesures impactant les travailleurs et les assurés sociaux, a fait monter le baromètre de la colère.
Dès le 15 juillet au soir, la confédération FO indiquait : Nous solliciterons les autres organisations syndicales pour une riposte à la hauteur des attaques.
Ce qui fut fait. La période estivale s’est ainsi traduite par la construction d’une mobilisation.
Revenir sur soixante-dix ans de luttes et d’acquis sociaux
, c’est non !
Cela a abouti le 29 août à l’appel par les huit organisations syndicales du pays, réunies en intersyndicale, à la journée de mobilisation interprofessionnelle du 18 septembre, y compris par la grève et la manifestation
. Illustration du degré de colère des travailleurs : la pétition en ligne contre le budget Bayrou, lancée au cœur de l’été, le 22 juillet, a reçu rapidement près de 400 000 signatures. Le 9 août, cinq organisations, dont FO, fustigeaient une volonté explicite
. Le 29 août, avertissant que les sacrifices pour le monde du travail, ça suffit
, l’intersyndicale rappelait que ce qui creuse la dette, ce sont aussi les baisses d’impôts pour les riches et les 211 milliards d’aides publiques captées par les plus grandes entreprises !
. Alors que « la multiplication des mobilisations sous différentes formes » confirme la colère des travailleurs, notait FO cet été, la confédération a déposé dès la fin juillet un préavis de grève pour la période allant du 1er septembre au 30 novembre. L’exécutif devra donc veiller à entendre cette colère, à répondre aux revendications, cela impliquant d’abord d’abandonner les projets de mesures brutales et injustes. FO, qui rencontrera le 22 septembre le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, lui rappellera les attentes fortes exprimées par les travailleurs.
En parallèle d’une situation politique compliquée, cette rentrée sociale souligne le rôle majeur du paritarisme avec la volonté des interlocuteurs sociaux de trouver, malgré les difficultés, des voies de discussion sur différents thèmes. Dans un courrier qu’il leur a adressé le 11 septembre, le président du Medef, Patrick Martin, propose ainsi à cinq organisations syndicales, dont FO, et à deux organisations patronales, de discuter, dans le cadre de l’agenda social autonome – soit sans l’État ―, de dossiers paritaires : le financement du modèle social, l’évolution du modèle productif et la conciliation de la croissance avec les grandes transitions en cours (numérique, environnementale et démographique) ainsi que l’emploi des jeunes.

