Pour les femmes retraitées, encore plus d’inégalités

Retraite par Secteur Retraites

Lettre FO
Retraites n°143

Alors que l’écart de salaires entre hommes et femmes est de 27 %, les pensions de droit direct des femmes sont inférieures en moyenne de 40 % à celle des hommes. Au final, droits directs et dérivés (dispositifs familiaux et pension de réversion) confondus, les femmes perçoivent une pension inférieure de 26 %.

L’augmentation de l’activité des femmes sur le marché du travail a contribué de façon croissante au financement des régimes de retraite. Mais si les droits familiaux et conjugaux ont permis de réduire l’écart entre hommes et femmes, les réformes intervenues depuis 1993 ont davantage pénalisé les femmes aux carrières plus courtes et à temps partiel, plus précaires, notamment du fait de :

 l’allongement de la durée d’assurance ;
 du passage des 25 aux 10 meilleures années ;
 de l’instauration du mécanisme de la décote pour les carrières incomplètes (10 % par annuité manquante en 1993, ramené à 5 % en 2003) qui contraint de nombreuses femmes à attendre l’âge qui annule la décote (67 ans aujourd’hui) pour liquider leurs pensions.

Certaines mesures destinées à adoucir un peu la dureté de ces réformes, comme les dispositifs de départ anticipé pour carrière longue, ont bénéficié davantage aux hommes, tandis que certaines mesures plus favorables aux femmes, comme la meilleure prise en compte du temps partiel (2014) sont cosmétiques. Dans la Fonction publique, les droits familiaux ont été radicalement remis en cause avec la suppression de la bonification d’un an/enfant (« remplacée » par une durée de 6 mois pour la seule durée d’assurance) pour les enfants nés après 2004.

La retraite est un enjeu de société

Considérer la question des retraites à partir de la situation des femmes permet de réfléchir au projet de société souhaité dans sa globalité et de mettre en avant de nouvelles revendications de progrès pour toutes et tous. Si les dispositifs familiaux sont indispensables pour réduire les inégalités de pension entre les femmes et les hommes, ils sont à double tranchant : ils enferment les femmes dans le rôle de mère en pérennisant l’assignation sociale des femmes aux tâches parentales. Il est donc indispensable de :

 lutter effectivement contre les discriminations professionnelles ;
 d’assurer l’égalité salariale ;
 de préserver et d’améliorer les dispositifs des pensions de réversion qui bénéficient principalement aux femmes, en particulier en supprimant le plafond dans le régime général ;
 de développer des politiques publiques de mode d’accueil dès la petite enfance.

Si le taux d’activité des femmes rejoignait celui des hommes (il est actuellement plus bas de dix points), le financement des caisses de retraite en serait grandement amélioré, tout comme le droit direct à pension des femmes.


Communiqué des neuf organisations syndicales et associatives de retraités : UCR-FO, UCR-CGT, UNARCFTC, UNIR-CFE-CGC, FSU, UNIRS-Solidaires et les associations de retraités FGR-FP, LSR, Ensemble & solidaires- UNRPA.

Sur le même sujet

Ces retraités obligés de travailler pour (sur)vivre

Crise par Nadia Djabali

Le nombre de retraités qui travaillent pour arrondir leurs fins de mois est en constante augmentation. Un moyen de gonfler un peu les 687 € de pension mensuelle moyenne versée par la CNAV (hors régimes complémentaires et hors prélèvements sociaux).

L’égalité Femmes/Hommes : toujours un combat !

Communiqué de FO

La mobilisation des femmes et l’unité des organisations syndicales nous ont permis de gagner de premières avancées : création de référentes et référents du personnel contre les violences, mise en place d’une obligation de résultat en matière d’égalité salariale, suppression du jour de carence pour les femmes enceintes dans la Fonction publique. Ces dispositifs doivent être améliorés et complétés par des mesures ambitieuses accompagnées des moyens humains et financiers à la hauteur de l’enjeu.