Pour vivre vieux, mieux vaut être cadre et diplômé

Actualités par Clarisse Josselin

Si l’espérance de vie a augmenté depuis la fin des années 1970, les inégalités sociales face à la mort demeurent. Les ouvriers décèdent toujours en moyenne six ans plus tôt que les cadres, selon une récente étude de l’Insee.

L’espérance de vie à 35 ans des ouvriers est en moyenne inférieure de 6,4 ans à celle des hommes cadres. Chez les femmes, l’écart est de 3,2 ans, selon une étude de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) portant sur la période 2009-2013 et publiée le 18 février 2016.

Les ouvriers ont une espérance de vie moindre que celle des cadres. Ils sont aussi davantage victimes de mort prématurée en raison d’une plus forte exposition aux risques professionnels. © Laurent CERINO / REA

Cette situation se maintient depuis la fin des années 1970. En 1976-1984, l’écart était de 6 ans pour les hommes et de 3,1 ans pour les femmes. Sur les trente-cinq dernières années, l’espérance de vie a progressé de 7 ans pour les hommes et de 5,5 ans pour les femmes. Mais cette amélioration a profité à peu près de la même façon à toutes les catégories sociales, explique l’étude. Les ouvriers sont aussi plus exposés à la mort prématurée, 18 % d’entre eux risquent de décéder avant l’âge de 65 ans, contre 7 % des cadres. Ce taux est respectivement de 8 % et 4 % pour les femmes.

La raison ? « La nature même des professions exercées explique en partie ces écarts », selon l’Insee, avec une plus forte exposition des ouvriers aux risques professionnels (accidents, maladies, produits toxiques… L’étude évoque aussi « des modes de vie moins favorables à une bonne santé » (moindre accès aux soins, obésité plus fréquente...).

Plus le diplôme est élevé, plus la probabilité de vivre longtemps augmente

Pour la première fois, l’institut de statistiques a aussi croisé les données entre le niveau de diplôme et l’espérance de vie. Les résultats sont parlants : plus le diplôme est élevé, plus la probabilité de vivre longtemps augmente.

Pour un diplômé du supérieur, l’espérance de vie à 35 ans est en moyenne plus élevée de 1,8 an que pour un bachelier, de 3,5 ans que pour un titulaire d’un CAP/BEP et de 4,6 ans que pour un diplômé du brevet. L’écart est de 7,5 ans avec un non-diplômé.

Pour les femmes, la différence entre diplômée et non-diplômée est de 4,2 ans, mais l’espérance de vie varie ensuite peu selon le niveau de diplôme.

En revanche, toutes catégories confondues, à 35 ans, les femmes vivent en moyenne six ans de plus que les hommes. Et leur espérance de vie est systématiquement supérieure ou égale à celle des hommes, quels que soient le niveau de diplôme ou la catégorie sociale.

L’étude révèle ainsi que les ouvrières, qui sont les moins favorisées en matière d’espérance de vie, vivent en moyenne presque un an de plus que les hommes cadres, qui sont les plus favorisés. Malgré des revenus inférieurs et des conditions de travail en général plus pénibles, elles consomment moins d’alcool, bénéficient d’un meilleur suivi médical et sont moins exposées aux risques professionnels. 


Zoom : L’espérance de vie a baissé en 2015
L’espérance de vie a reculé en France en 2015, une première depuis 1969.
La baisse est de 0,3 an pour les hommes et de 0,4 an pour les femmes, selon le bilan démographique de l’Insee publié en janvier dernier. Selon les conditions de vie actuelles, une femme vivrait en moyenne 85 ans et un homme 78,9 ans. Un recul dû à la hausse de la mortalité après 65 ans enregistrée en 2015.
La mortalité infantile, le décès au cours de la première année, a aussi légèrement augmenté, passant de 3,5 à 3,7 pour mille.

Clarisse Josselin Journaliste à L’inFO militante