Premier album des Olivensteins : un retour de manivelle psychomoteur

Musique par Michel Pourcelot

Ils avaient été météoriques, il y a bien des lustres. Les Olivensteins reparaissent dans le ciel rock avec un album. Leur premier. Enfin. L’ironie au bord des lèvres, ils mordent toujours autant.

Inavalable est enfin disponible dans les bacs, virtuels ou non, ce mois de décembre. 14€. Les Olivensteins ne sont pas non plus les fils du Père Noël, quoique certains pourront entendre comme une filiation avec un certain Dutronc dans des paroles un brin sardonique. Et pour cette modique somme, on trouvera parmi les dix titres proposés Je hais les fils de riches, l’un de leurs morceaux-phare de l’époque de leur premier 45 tours, sorti en 1979, avant de devenir culte. Ce qui nous ramène quelques années en arrière, et même plus, vers 1975-1976, quand le punk n’était pas encore le punk, quand le rock se débarrassait des poncifs qui l’avaient alourdi, quand énergie et créativité brisaient les cadres dorés des rock-stars abhorrées. Ce fut un moment bref, le punk devenant très vite un mouvement standardisé et dogmatisé, à l’inverse de ce qu’il préconisait à sa naissance.

Sans fleur, ni couronne, mais à vif

Menacés d’action en justice, on ne sait pourquoi, par un alors célèbre psychiatre morigénateur, les Olivensteins se séparèrent à l’orée des années 80, après quelque deux ans d’existence et face à des maisons de disques françaises figées dans leur frilosité. Il y aura bien un bref retour de flammes dans une version légèrement modifiée appelée Les Gloires Locales, dont la moitié se retrouvera par la suite dans la formation rock phare de leur ville, Rouen, le groupe Dogs, qui avait contribué à leur démarrage. Le chanteur Gilles Tandy et son frère Eric, l’homme responsable des paroles, continueront, avec notamment l’album « La colère monte », en 1986, une carrière à éclipse et à estime. Jusqu’à cette reformation en 2013 provoquée par la sortie d’une compilation de dits et d’inédits (2011, chez Born Bad Records) et aboutissant à ce CD. La machine est ainsi relancée, sans entrave psychiatrique. Inavalable fournit la même acidité parolistique et une formule musicale toujours aussi efficace, enrichie par l’informatique (cette révolution technologique intervenue entretemps), que le guitariste de la première heure, Vincent Denis, entremêle parfois à des arpèges fleurant la fin des sixties, dont les Olivensteins avaient pourtant contribué à sonner le glas. Sans fleur, ni couronne, mais toujours les nerfs quelque peu à vif.

Inavalable, album des Olivensteins, sorti fin novembre chez SMAP records. CD de 10 titres, 14 euros. Disponible (également en vinyle) en boutique et sur le Net.

Michel Pourcelot Journaliste à L’inFO militante