Les personnels de la Caixa Geral de Depositos revendiquent aussi une augmentation générale des salaires pour 2018 et un rattrapage pour les deux années précédentes. Culottée cette revendication alors que plane sur leurs emplois la menace d’un plan de restructuration ?
Nous avons fait le calcul : ce que nous demandons représente à peine 2% des bénéfices réalisés ces deux dernières années par notre succursale en France et transférés au Portugal
, répond Manuela Dos Santos, déléguée syndicale FO.
Un plan de restructuration négocié avec Bruxelles
Tout commence en mars 2017 quand Paulo Macedo, président du Conseil d’administration de la Caixa depuis quatre mois à peine (et célèbre au Portugal pour ses mesures d’austérité dévastatrices en tant que ministre de la Santé de 2011 à 2015) annonce la mise en place d’un plan de restructuration de la banque publique portugaise.
Celui-ci a été négocié avec Bruxelles, en échange d’une autorisation de recapitaliser la banque publique portugaise, endettée, à hauteur de cinq milliards d’euros au moins, dont 2,7 injectés directement par l’État.
La Caixa, (transformée en société anonyme à capitaux exclusivement publics depuis 1993) devra d’ici 2020 supprimer jusqu’ à 2 000 emplois au Portugal en y fermant quelque 200 agences. Aucune précision n’est alors donnée concernant la succursale française.
Il est aujourd’hui question de son « aliénation »… Si les salariés de la succursale française n’ignorent pas la signification de ce terme, à savoir un transfert de propriété à titre gracieux ou onéreux
, ils n’ont en revanche aucune idée des conditions précises dans lesquelles cette opération s’effectuera. Et pour cause, aucune précision ne leur a été donnée. Vente ? Vente partielle ? Quid des 540 emplois ?
Le 3 mai, la direction interdit l’accès aux locaux y compris ceux du CE… Les salariés revotent la grève devant les grilles
La direction française, que les syndicats étaient en attente, vendredi 4 mai à la mi-journée, de rencontrer, appelle les salariés à la « confiance », tout en … Refusant jusqu’à présent de présenter le plan au Comité d’Entreprise et allant jusqu’à faire venir des vigiles jeudi 3 mai pour interdire l’accès aux locaux, y compris celui du Comité d’Entreprise aux salariés, à leurs syndicats et à leurs élus aux IRP.
Dans le calme, malgré ce contexte répressif, les salariés réunis en Assemblée générale devant les grilles de l’entreprise, ont de nouveau voté la prolongation de la grève. Une grève suivie par 75% des effectifs. Plus les jours passent, plus de salariés participent aux AG, surtout avec le retour des congés
, constatait Manuela, avant de souligner : 540 emplois menacés, ce sont 540 familles menacées. L’application du plan doit être achevée en 2020. D’ici là c’est long, la succursale pourrait fermer d’un moment à l’autre. On ne nous dit rien.
Pour un engagement sur l’avenir des emplois, une augmentation générale des salaires et l’amélioration des conditions de travail
Outre un engagement sur l’avenir de leurs emplois et une augmentation générale des salaires, les salariés et leurs syndicats revendiquent aussi de meilleures conditions de travail par des embauches et l’ouverture de négociations sur le sujet.
Depuis plusieurs mois, explique la déléguée syndicale FO, les salariés sont confrontés à des dysfonctionnements. Panne des logiciels informatiques, panne de téléphone, avec pour conséquence des files d’attente qui grossissent au guichet et des incivilités de la part de clients mécontents. Pour les personnels, ce sont des heures supplémentaires de plus en plus nombreuses mais pas payées… Un nombre d’arrêts maladie de longue durée, dus à des dépressions et des burn-out, qui explose.
Le soutien de la fédération et de la Confédération FO
Dans un communiqué du 3 mai, la section fédérale des Banques et sociétés financiers FO (Fédération des employés et cadres) a annoncé qu’elle saisira le gouvernement et plus particulièrement la Ministre du Travail afin que toutes ces problématiques soient enfin traitées et que la direction, barricadée dans les locaux, ne reste pas sourde
. La fédération FO considère en effet que les salariés de la Caixa Geral De Depositos n’ont pas à payer la note des égarements contraints et la mauvaise gestion de certains dirigeants de la banque.
Présente jeudi 3 mai devant les grilles de l’entreprise, ales représentants de la Fédération FO ont transmis aux grévistes un message de soutien du secrétaire général de la confédération FO Pascal Pavageau qui s’associait pleinement à leurs revendications.