Privé, public : les combats des salariés se rejoignent

Emploi et Salaires par Valérie Forgeront

Si les débats autour du projet de loi Travail mobilisent les militants, pour autant « la vie continue », a rappelé Dejan Terglav pour la FGTA FO (agriculture et alimentation). Cela passe notamment par la poursuite du « développement de l’organisation pour peser » davantage encore dans les négociations. Les bons résultats électoraux de FO renforcent ce poids. Il sera notamment nécessaire lors des prochaines élections dans les TPE. Les résultats de FO traduisent aussi la volonté des salariés de combattre des réformes et des méthodes patronales nocives pour leurs droits. À Mayotte, les salariés, en grève depuis deux semaines, exigent ainsi « d’accéder une fois pour toutes à l’égalité des droits » avec la métropole, a insisté El Anzize Hamidou. De nombreux délégués ont fait part de leurs inquiétudes face à la situation de l’emploi. Dans les télécoms, 50 000 emplois détruits en quatre ans, a constaté Philippe Charry ; une utilisation massive du système des départs négociés en substitution aux plans de licenciements, a indiqué de son côté Jean-Pierre Gilquin… « Les carnets de commandes des entreprises sont désespérément vides et la commande publique baisse, c’est le problème », lançait Stéphane Gabelle (Alpes de Haute-Provence).

« Le CICE dans la poche d’un patron »

Les délégués ont stigmatisé par ailleurs des attitudes patronales insensées. Des salariés du Loir-et-Cher – dont des représentants syndicaux – ont ainsi subi des menaces de violence et même de mort de la part de leurs patrons, s’est irrité Éric Gondy, scandalisé d’avoir même constaté que le bénéfice tiré du CICE allait « directement dans la poche d’un patron ». Pour Patrick Gardin (UD Charente) « vu l’affaire des Panama papers, les impôts des patrons ne sont pas si lourds et confiscatoires qu’ils voudraient bien le faire croire ! ». À travers de multiples réformes (de l’État, territoriale…) la fonction publique souffre elle aussi de mesures qui amoindrissent le statut général, les emplois (par exemple 60 % d’effectifs en moins aux finances depuis 2010) et les droits des agents. Actuellement, « l’attaque se situe sur la gestion des personnels. Le préfet de région devient le grand patron de la fonction publique », a résumé Christian Grolier, tandis qu’Yves Kottelat (SPS FO) a fustigé les conséquences, notamment sur l’emploi, de « la politique d’austérité budgétaire » menée dans les services de santé comme à la fonction publique territoriale. 

Valérie Forgeront Journaliste à L’inFO militante