Face à la fronde contre le projet de loi Travail, la présentation du texte porté par Myriam El Khomri, initialement prévue le 9 mars, a été repoussée au 24 mars. Le Premier ministre Manuel Valls se donne deux semaines pour « lever les incompréhensions ». Mais le calendrier reste inchangé, avec une adoption de la loi programmée avant l’été. De son côté, François Hollande a promis des « améliorations », tout en ajoutant que « rien ne serait pire que l’immobilisme ».
La concertation avec les interlocuteurs sociaux s’est déroulée du 7 au 9 mars à Matignon. Le Premier ministre et les ministres de l’Économie et du Travail devaient rencontrer successivement chaque organisation. FO, reçue le 7 mars, a rappelé son opposition à la philosophie générale du texte se refusant à « négocier un plat de lentilles ». Aucune annonce gouvernementale n’est attendue avant la réunion plénière à Matignon du 14 mars.
Dès le 23 février, les syndicats se sont réunis pour organiser la riposte. Certaines organisations ont signé une position commune portant sur les changements à apporter au texte de loi.
Cinquante ans de droits fondamentaux remis en cause
Deux autres intersyndicales se sont tenues le 3 mars. La première réunion, organisée au siège de l’Unsa, s’est soldée par un communiqué de cinq des organisations présentes, conduites par la CFDT, qui réclament « impérativement » une modification « en profondeur » de la loi Travail.
Tout en demeurant dans une démarche d’amendement sur quelques points, leurs revendications (retrait du barème d’indemnités prud’homales, réaffirmation du rôle incontournable de la branche ou reconnaissance du fait syndical dans toutes les entreprises, quelle que soit leur taille…) se sont durcies par rapport au premier communiqué que seule FO n’avait pas signé.
Mais FO estime que ce communiqué reste « partiel et dangereux ». La confédération ne dénonce pas seulement certains points mais l’esprit même de la loi, décliné ensuite à tous les niveaux : temps de travail, licenciements, négociation collective…
« Nous ne sommes pas contre des réformes du Code du travail, mais le projet de loi remet en cause plus de cinquante ans de droits fondamentaux, a expliqué Michèle Biaggi, secrétaire confédérale et membre de la délégation FO, à l’issue de l’intersyndicale. Nous demandons le retrait du texte, il faut tout remettre à plat et prendre le temps de se mettre autour de la table et de discuter vraiment. »
L’après-midi, FO participait aussi à la deuxième réunion consacrée aux modalités de la mobilisation, au siège de la CGT. Outre les manifestations du 9 mars, les sept organisations présentes appellent à une forte mobilisation le 31 mars « par toutes les formes, y compris par la grève et les manifestations », pour « obtenir le retrait du projet de loi de réforme du Code du travail et pour l’obtention de nouveaux droits ».