PSE chez Bonduelle dans la Meuse : quatre mois de combat pour des mesures dignes

InFO militante par Chloé Bouvier, L’inFO militante

© Franck CRUSIAUX/REA

Après l’annonce de la fermeture de l’usine Bonduelle de Saint-Mihiel, dans la Meuse, FO, en bataillant, a réussi à obtenir pour les 159 salariés un PSE doté de mesures dignes. Exemple. En tenant compte de la prime supra-légale, des congés de reclassement et de la prime d’ancienneté, Une personne avec une seule année d’ancienneté va pouvoir partir avec un chèque de 10 000 euros d’indemnités, souligne le délégué central FO Jean-Claude Monsciani.

Nous avons réussi à obtenir des mesures d’accompagnement dignes pour les salariés. Ils ont le sentiment d’être indemnisés à hauteur de leur préjudice, de leur investissement dans l’entreprise, insiste Jean-Claude Monsciani, délégué syndical central FO au sein de Bonduelle. Le 29 août dernier, la direction du géant de l’agroalimentaire avait annoncé la fermeture de l’usine dédiée à l’ensachage de salade située à Saint-Mihiel, dans la Meuse. Autant dire que le choc fut rude pour les 159 salariés du site. FO a alors pris place à la table des négociations, dans l’objectif de peser de tout son poids pour que les salariés partent avec les meilleures conditions possibles dans ce triste contexte.

Le syndicat a mené ce combat de taille et il en a d’autant plus de mérite qu’il est un tout jeune syndicat créé il y a moins de deux ans. Nous avons créé le syndicat 15 jours avant les élections, et nous avons recueilli 15 % des voix malgré le contexte défavorable, se remémore le militant. Depuis, dans ces réunions de négociations du PSE, nous avons eu un vrai rôle et nous signerons l’accord.

Les acquis de la négociation

Depuis l’annonce du PSE le 29 août beaucoup de réunions de négociations ont eu lieu. Il y a avait huit de prévues, finalement nous en avons tenu onze, la dernière le 17 décembre. Et nous avons obtenu jusqu’à quatre fois plus que ce que prévoit la loi. indique avec une fierté légitime Jean-Claude Monsciani. Les salariés licenciés auront droit ainsi à un d’un congé de reclassement allant de 12 à 16 mois. Pendant celui-ci, ils seront rémunérés à hauteur de 80 % de leur salaire net. Par ailleurs, une enveloppe individuelle de 13 000 euros est prévue pour chaque salarié afin qu’il puisse financer ses actions de formations. Pour les besoins ou projets particuliers, une enveloppe collective supplémentaire de 100 000 euros est prévue.

Mais, au-delà de ces mesures importantes, c’est l’obtention d’une indemnité supra légale qui signe la réussite de la négociation du PSE. En plus de l’indemnité légale, les salariés licenciés percevront en effet une indemnité de 6 000 euros, ainsi qu’une indemnité d’ancienneté à hauteur de 2 000 euros pour chaque année passée dans l’entreprise.

Ces mesures n’ont pas été acquises sans difficultés. Ainsi, alors que la direction restait sourde aux demandes, les salariés ont dû décider d’une mobilisation. Laquelle a eu lieu le 22 novembre. Cela a complètement changé le rapport de force, constate le militant. Après seulement une journée et demie de grève, la direction a décidé d’entendre, et même d’aller au-delà de nos revendications. À partir de là, les négociations ont pu reprendre dans de meilleures conditions !

Le délégué central FO craignait que la direction campe sur sa position initiale. Je pensais que la direction allait se limiter au minimum légal, et que nous aurions donc à nous mobiliser massivement et plusieurs semaines pour réussir à arracher des mesures supra légales ! Ce ne fut pas le cas heureusement. Par la négociation au cours de laquelle FO a montré toute sa détermination, les mesures décrochées permettent d’améliorer le PSE. Ainsi, Une personne qui n’a qu’une année d’ancienneté va pouvoir partir avec un montant total d’indemnités de 10 000 euros, explique Jean-Claude Monsciani,

Bonduelle a les moyens d’assumer ces mesures !

Les premières lettres de licenciement sont attendues fin février 2025. Et l’usine fermera fin mars. Si deux repreneurs potentiels se sont manifestés, pour l’instant le devenir du site demeure inconnu. Et on ne sait pas si, l’un comme l’autre reprendrait des salariés, et si oui combien, indique le DSC FO. Le militant doute par ailleurs qu’une autre usine d’ensachage de salade soit installée car ce marché, que l’on appelle le marché de la 4e gamme, est mort. Le 29 août, dans son communiqué, Bonduelle avait justifié la fermeture du site par une baisse structurelle de la consommation du produit aggravée par le contexte inflationniste, et à la concurrence accrue des marques de distributeurs.

Sur ces deux sites dédiés à l’ensachage de salade que comptait Bonduelle, le groupe a fermé celui de Saint-Mihiel et cédé celui de Genas, près de Lyon, que la direction estimait mieux placé géographiquement, souligne le délégué. Mais désormais le site de Genas craint une fermeture d’ici un ou deux ans, tant la dégradation du marché est importante. J’espère que les salariés auront au moins d’aussi bonnes conditions de départ que nous insiste Jean-Claude Monsciani notant que si des mesures d’amélioration du PSE ont pu être négociées à Saint-Mihiel, c’est parce que Bonduelle avait les moyens de les assumer. De fait, si le groupe lâche l’activité des salades en sachet, il gagne toujours de l’argent avec l’activité de la conserve. Notre combat syndical pour obtenir le plus possible pour les salariés licenciés était plus que fondé !.

Chloé Bouvier

L’inFO militante Le bimensuel de la Confédération

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